Le droit international a de nouveau parlé. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, sont désormais des hommes recherchés. Pour la première fois en 22 ans d’histoire, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre des responsables élus démocratiquement.
Netanyahu, accusé de famine et de direction d’attaques contre des civils, a qualifié ces mandats d’« antisémites » et de « jour sombre dans l’histoire de l’humanité ». Keir Starmer les a néanmoins effectivement approuvés.
Cependant, il est difficile de voir comment ces mandats peuvent être considérés comme légaux. Israël n’est pas membre de la CPI, et la Palestine, qui a demandé les mandats, avec le soutien de pays comme l’Afrique du Sud, le Bangladesh, la Bolivie, les Comores et Djibouti, n’est pas reconnue comme un État par de nombreux pays. Par ailleurs, le Statut de Rome qui régit la CPI stipule qu’aucun membre ne peut affecter « les droits et privilèges » d’un tiers qui n’est pas signataire.
Il n’est donc pas surprenant que les Israéliens soient enragés. Le crime particulièrement odieux de famine, selon le Statut, concerne « le fait de priver [les civils] d’objets indispensables à leur survie, y compris en entravant délibérément les fournitures d’aide comme prévu par les Conventions de Genève ». Pour prouver cela, la cour doit démontrer qu’Israël a agi avec l’intention délibérée de famer des civils. Il est difficile de voir comment cela pourrait être le cas, étant donné qu’Israël permet l’aide dans Gaza chaque jour. L’insécurité alimentaire n’est pas une indication de famine délibérée ; Israël ne peut rien faire pour atténuer le détournement des fournitures d’aide par le Hamas.
Encore plus rageant, pour les Israéliens, la CPI est censée intervenir uniquement en tant que cour de dernier recours, lorsque qu’une nation est « réticente ou incapable » d’enquêter elle-même sur des crimes allégués. Comme le souligne le Dr Yuan Yi Zhu, professeur adjoint de relations internationales et de droit international à l’Université de Leiden Israël n’a pas eu l’opportunité d’enquêter lui-même avant que la CPI n’émette les mandats.
Et ces mandats ne sont pas seulement légalement douteux, ils sont politiquement contre-productifs. Ils représentent un cadeau pour Netanyahu, qui était déjà détesté par de nombreux Israéliens, même avant la négligence qui a permis que le 7 octobre se produise. Mais désormais, face à cette attaque extérieure, le pays se regroupe autour de lui. Le résultat ? Il est presque certain que cela l’encouragera. Plus d’opérations militaires, pas moins, sont à prévoir à Gaza et au Liban. Et vous pouvez oublier toute idée de paix négociée — du moins pour l’instant. Si la Palestine émet des mandats d’arrêt contre Netanyahu, il sera peu enclin à dialoguer avec eux. C’est un énorme coup porté à toute perspective de paix.
Participez à la discussion
Rejoignez des lecteurs partageant les mêmes idées qui soutiennent notre journalisme en devenant un abonné payant
To join the discussion in the comments, become a paid subscriber.
Join like minded readers that support our journalism, read unlimited articles and enjoy other subscriber-only benefits.
Subscribe