Quand les nouvelles villes de Grande-Bretagne ne paraîtront-elles plus si nouvelles ? « Les idées de l’ancien Parti travailliste sont adaptées aux nouveaux temps », a insisté Keir Starmer lors du congrès du parti l’année dernière. Le lancement du manifeste d’hier restait dans cet esprit : « Un gouvernement travailliste construira une nouvelle génération de nouvelles villes ».
Mais que dire de celles qui existent déjà ? Autrefois imaginées comme des bastions de la démocratie sociale, beaucoup de villes du sud-est ont, depuis les années 70, été des indicateurs fiables des tendances de vote nationales plus larges. Même aujourd’hui, malgré la surestimation du Parti travailliste de l’importance de leurs habitants, l’histoire longue de la politique des nouvelles villes reste fascinante autant pour ce qu’elle révèle des observateurs que des personnes observées.
Une fois conçues par le gouvernement travailliste en 1946, 11 nouvelles villes ont été désignées dans la première phase de construction, dont huit formaient un cercle autour de Londres, dans le but d’attirer une population de près de 400 000 habitants d’une capitale alors considérée comme dangereusement surpeuplée. Les espoirs exprimés par Lewis Silkin, ministre de l’Aménagement du territoire, lorsqu’il a introduit la législation semblent utopiques à l’heure actuelle. Silkin lui-même n’avait pas honte de s’inspirer de Sir Thomas More et pensait qu’il n’était ‘pas déraisonnable de s’attendre à ce que cette Utopie de 1516 soit traduite en réalité pratique en 1946′.
Silkin pensait que ‘des unités de voisinage, chaque unité ayant ses propres magasins, écoles, parcs, salles communautaires et autres équipements’ (ce que nous pourrions appeler aujourd’hui une ‘ville du quart d’heure’) rassembleraient des personnes de toutes classes. Lorsqu’après avoir assisté ensemble à une activité ou un événement communautaire, les habitants des nouvelles villes rentreraient chez eux, Silkin ne voulait pas que ‘les plus aisés aillent à droite et les moins bien lotis aillent à gauche. Je veux qu’ils se demandent, ‘Tu vas dans ma direction ?’’. Selon lui, la véritable mesure du succès des nouvelles villes serait ‘le type de citoyens qu’elles produisent, et la création ou non de cet esprit d’amitié, de bon voisinage et de camaraderie’.
Bien que les critiques conservateurs aient pu penser différemment, il ne s’agissait ostensiblement pas d’un appel politique partisan. Il s’agissait plutôt d’un moment éphémère de la politique britannique où les fondations de ce vieux pays ont été réimaginées et où l’on croyait possible une société nouvelle, plus rationnellement organisée, socialement juste et sans classes. Il n’est pas surprenant de dire que de tels espoirs extravagants étaient voués à l’échec, mais il est intéressant de disséquer à la fois leur trajectoire et la pensée qui les sous-tendait.
‘Il n’est pas surprenant de dire que de tels espoirs extravagants étaient voués à l’échec.’
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