Après trois mois de gouvernement Barnier, il semblerait que la France soit revenue à la case départ. Cette semaine, comme prévu, une coalition de la gauche alliée à l’extrême droite de Marine Le Pen a agi pour le faire tomber. Ce n’était pas un mandat de bon augure : Barnier a battu des records uniquement comme Premier ministre le plus éphémère de la Cinquième République et comme le premier depuis 1962 à tomber après une motion de censure. Ce fut un moment de grand drame politique. Mais après Barnier — que va-t-il se passer ?
De multiples raisons ont été avancées par ceux qui ont voté pour le faire tomber. Marine Le Pen a fulminé contre son insitance sur les hausses d’impôts comme seule façon d’équilibrer les comptes. L’Éric Coquerel de l’extrême gauche a dénoncé le Premier ministre pour être à la fois illégitime et impopulaire. Le leader des Républicains, Laurent Wauquiez, issu de la même famille politique que Barnier, a accusé la gauche et l’extrême droite de mettre les intérêts de leurs partis avant ceux du gouvernement.
Wauquiez a raison de dire qu’il n’y a pas eu de critique de principe du gouvernement Barnier, et aucune plateforme alternative même proposée. Les deux camps voulaient simplement qu’il parte, ayant rejeté son droit à être là en premier lieu. Sans aucun doute, Barnier a apporté un certain orgueil de Bruxelles à Matignon ; mais comme il l’a appris à ses dépens, gouverner en tant que Premier ministre français n’a que peu de ressemblance avec le travail d’un envoyé de l’UE.
Donc, avec Barnier défenestré, le sort de Macron est en jeu. Étant donné qu’il ne peut pas dissoudre l’Assemblée nationale parce que les règles stipulent qu’une année doit s’écouler entre les dissolutions, il doit trouver un Premier ministre capable de maintenir ensemble un gouvernement au moins jusqu’à juin prochain.
Divers noms ont circulé, certains avaient été sondés et rejetés par Macron durant l’été. François Baroin de centre-droit, l’allié macroniste François Bayrou. Ou Bernard Cazeneuve, un ancien Premier ministre socialiste. Macron a besoin d’un modéré ; quelqu’un qui peut unifier les blocs politiques opposés au moins jusqu’à ce qu’ils puissent voter en faveur d’un budget dont ils ont grand besoin. C’est pourquoi Barnier a été choisi en premier lieu : on croyait qu’il avait les chiffres. Macron et ses acolytes sont maintenant de retour dans le spacieux bureau du Président à l’Élysée, calculatrice en main, faisant les comptes. Crucialement, toute opposition à un nouveau Premier ministre ne doit pas dépasser le fatidique 288, le nombre de voix nécessaires pour gagner une motion de censure au parlement.
Car le sort du prochain Premier ministre dépendra de ce nombre. Les partis politiques sont-ils prêts à faire des compromis, ou veulent-ils utiliser cette crise pour obtenir le prix ultime : la chute de Macron lui-même ? Marine Le Pen et son Rassemblement National (RN) se sont abstenus d’appeler ouvertement à la démission de Macron. Cependant, elle a clairement indiqué qu’il devrait considérer s’il est « en mesure de rester ou non ». À gauche, les dirigeants de La France Insoumise (LFI) n’ont pas caché leur désir que le Président parte.
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