Comme d’habitude, les extrêmes ont donné les résultats les plus intéressants. Les candidats d’extrême droite ont une fois de plus échoué à réaliser des percées. Dans des zones clés comme Dublin Ouest et Dublin Central, bien que les votes cumulés de ces partis soient encore à un niveau relativement faible, ils ont néanmoins considérablement augmenté ces dernières années. La base d’un mouvement d’extrême droite plus large, spécifiquement anti-immigration, est bien présente, mais elle a une fois de plus été contrecarrée par la division des voix entre trop de candidats et une incapacité à sécuriser les transferts de voix d’autres partis.

Les tentatives échouées incluent Malachy Steenson, le principal instigateur de la protestation « Coolock Says No » et un conseiller récemment élu. Fait intéressant, le vote de Steenson a été affaibli par l’entrée tardive de Gerry « The Monk » Hutch, une figure connue au niveau national pour son passé criminel long et flamboyant. Le succès de Hutch est un avertissement salutaire pour la droite : bien que le sentiment anti-establishment dans les communautés marginalisées puisse être dirigé vers des fins idéologiques, il peut tout aussi bien se manifester comme un simple doigt d’honneur au système.

Un des rares rayons de lumière pour les électeurs de droite est que le troisième parti actuellement au gouvernement, le Parti vert, semble faire face à une quasi-oblitération. Les Verts, et en particulier leur leader Roderick O’Gorman, étaient la section du gouvernement la plus étroitement associée à la gestion des réfugiés, de l’immigration et du logement en Irlande durant le dernier mandat. Bien qu’il soit tentant de voir cela comme un reproche à la politique d’immigration, il existe un thème récurrent dans la politique irlandaise : le plus petit parti de la coalition fait souvent face à l’obliteration aux urnes. Le déclin du Parti vert doit donc être compris dans ce contexte.

Alors, que signifie tout cela pour l’avenir de l’Irlande ? De l’extérieur, cette élection semblait être celle où les questions culturelles, combinées à la crise du logement, mettraient enfin fin à l’emprise de la politique de consensus en Irlande. Plus d’une personne dans le pays, quelle que soit son appartenance partisane, nourrissait cet espoir. Pourtant, cet espoir semblait de plus en plus vain à mesure qu’une campagne languissante se déroulait, centrée sur des trivialités et une gestion superficielle de l’apparence, plutôt que sur la véritable substance des crises multiples.

Étrangement, l’inertie de cette campagne a conféré un sens inattendu de clôture. Peut-être s’agit-il d’un effet secondaire du siphonnement des énergies juvéniles lié à l’émigration, mais un changement radical ne semble pas à l’ordre du jour en Irlande. Malgré leurs protestations, la majorité des électeurs semble s’en accommoder. Cependant, le fait que les électeurs et le système aient choisi d’ignorer la tempête ne signifie pas que celle-ci s’est dissipée. Le modèle économique de l’Irlande est directement menacé par un régime protectionniste américain. Par ailleurs, sur des questions clés comme l’immigration et l’asile, le pays s’est notablement éloigné du courant dominant de l’opinion européenne. Une mauvaise nouvelle pour un pays qui a bâti son succès sur une défense fidèle des objectifs de l’UE.

Le fait qu’aucun de ces enjeux n’ait été abordé durant l’élection est révélateur : toutes les composantes du système politique ont préféré espérer que ces tempêtes se dissiperaient d’elles-mêmes, plutôt que de risquer de perturber l’opinion publique en les affrontant. Avec le temps, l’Irlande pourrait bien voir dans cette élection une dernière occasion manquée de saisir ces enjeux épineux — une occasion que le système et le peuple ont conjointement laissée passer, avec des conséquences encore inconnues.

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Conor Fitzgerald is a writer from Dublin. His Substack is TheFitzstack.

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