Hier au Parlement, le député travailliste Tahir Ali a demandé à Keir Starmer si le gouvernement s’engagerait à « introduire des mesures pour interdire la profanation de tous les textes religieux et des prophètes des religions abrahamiques ». Tant la question que la réponse du Premier ministre ont déjà suscité beaucoup d’attention et de critiques, mais ce qui est peut-être passé inaperçu, c’est la manière dont la question a été introduite en référence au Mois de sensibilisation à l’islamophobie.
Les critiques du terme « islamophobie » et de ses définitions proposées ont depuis longtemps mis en garde qu’il pourrait s’agir d’une loi sur le blasphème par une porte dérobée. En réponse, ils ont souvent été accueillis avec mépris, dérision et accusations d’islamophobie — ce qui confirme plutôt leurs inquiétudes.
Maintenant, cependant, le lien entre l’islamophobie et une proposition explicite de lois sur le blasphème a été exprimé à voix haute, et cela survient peu après que le cas de Samuel Paty, l’enseignant français qui a été tué pour avoir prétendument montré à sa classe des dessins animés du prophète Mahomet, ait de nouveau fait la une des journaux. La collégienne qui a initialement suscité les allégations d’islamophobie, attirant l’attention des prédicateurs islamistes locaux et par la suite la lame d’un jihadiste, vient d’admettre qu’elle avait menti.
Une allégation d’islamophobie n’est pas simplement d’être accusé de discrimination ou d’être bigot envers des êtres humains : c’est être accusé d’être contre l’islam, ce qui rend le saut vers l’accusation parfois fatale de blasphème très facile. Ce saut a été encore un peu plus facilité par les commentaires d’Ali à la Chambre des communes hier.
Une fois que l’allégation d’islamophobie ou de blasphème est lancée, l’accusateur n’a aucun contrôle sur qui l’entend et ce qu’il juge bon d’en faire. Ceux qui cherchent à utiliser ces allégations comme une arme peuvent alors en tirer parti avec un déni plausible. L’anthropologue française Florence Bergeaud-Blackler a découvert cela à ses dépens l’année dernière, lorsque son livre sur les activités européennes d’un groupe islamiste, la Fraternité musulmane, a été accueilli par une réaction d’islamophobie cyniquement orchestrée par les sujets mêmes de sa recherche depuis leurs positions éparpillées dans le monde académique, la société civile et les médias. Après avoir reçu des menaces de mort, Bergeaud-Blackler a été contrainte de se mettre sous protection policière.
En Grande-Bretagne, nous avons eu nos propres épisodes malheureux. Le film de 2021 The Lady of Heaven, une production de musulmans chiites qui a été l’objet de manifestations et retiré de nombreux cinémas britanniques pour des raisons de sécurité, serait-il soumis à la législation actuellement proposée ?
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