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Les amendements sur la mort assistée ignorent les défauts majeurs du projet de loi

Un militant de «Dignité dans la Mort» tient une pancarte lors d'une manifestation devant le Palais de Westminster, siège des Chambres du Parlement dans le centre de Londres, le 16 octobre 2024, lors d'un rassemblement en faveur de la proposition de légaliser l'euthanasie au Royaume-Uni. Une nouvelle proposition visant à légaliser l'aide à mourir en Angleterre et au Pays de Galles est présentée au parlement britannique le 16 octobre 2024, suscitant des inquiétudes de la part des hauts responsables religieux et des opposants concernant les implications de permettre aux personnes en phase terminale de mourir selon leurs propres termes. Les législateurs de la Chambre des communes auront un vote libre sur le projet de loi de la députée travailliste Kim Leadbeater concernant les adultes en phase terminale (fin de vie), leur permettant de voter selon leur conscience plutôt que selon les lignes politiques de parti. (Photo par JUSTIN TALLIS / AFP) (Photo par JUSTIN TALLIS/AFP via Getty Images)

novembre 23, 2024 - 8:00am

Les partisans de la candidature de Kim Leadbeater pour la légalisation de l’aide à mourir, dans le cadre du projet de loi sur les adultes en phase terminale (fin de vie), semblent avoir modifié leur approche. Plutôt que de défendre le texte tel qu’il a été rédigé, la priorité semble désormais être de convaincre les députés indécis, en particulier ceux qui expriment des préoccupations, de voter en faveur du projet de loi lors de la deuxième lecture. L’argument avancé est qu’ils pourront examiner et amender le projet de loi par la suite.

Cette stratégie reflète le fait que de nombreux politiciens et groupes qui ne s’opposent pas au suicide assisté en principe soulignent des préoccupations importantes concernant le manque de garanties et d’autres risques liés au projet de loi actuel. Par exemple, l’organisation de défense des droits de l’homme Liberty, qui soutient depuis longtemps le suicide assisté, affirme qu’il existe « des lacunes significatives dans ce projet de loi qui présentent des risques graves, difficiles à ignorer. »

Est-il raisonnable que des députés, partageant des préoccupations similaires concernant le manque de garanties dans le projet de loi, votent tout de même en faveur de ce dernier lors de la deuxième lecture ? Une partie de la réponse réside dans le niveau de contrôle auquel le projet de loi pourrait être soumis après cette deuxième lecture. L’experte constitutionnelle Nikki da Costa a souligné que des facteurs tels que l’absence de processus législatif préalable et d’évaluation d’impact limitent l’efficacité du contrôle pour les projets de loi des membres privés. Cette préoccupation a également été soulevée par l’Institut pour le gouvernement.

Cependant, les députés doivent également prendre en compte quels aspects du projet de loi pourraient raisonnablement être amendés et lesquels relèvent de principes plus fondamentaux. De nombreuses préoccupations soulevées pourraient être abordées ultérieurement. L’une d’elles concerne la possibilité que les médecins abordent la question du suicide assisté avec leurs patients, ce qui pourrait exercer une pression sur des personnes vulnérables pour qu’elles envisagent de mettre fin à leurs jours. Étant donné que certains endroits, comme Victoria en Australie interdisent explicitement cette pratique, il semble envisageable qu’un amendement visant à supprimer cette autorisation puisse être proposé par les députés avant la troisième lecture.

D’autres expriment des inquiétudes concernant l’absence d’une clause d’objection de conscience efficace. Bien que les médecins ne soient pas tenus de participer à l’aide à mourir, le projet de loi exigerait qu’ils orientent le patient vers un autre médecin qui accepterait de le faire. Pour de nombreux médecins, même cette simple orientation irait à l’encontre de leur conscience, et certains demandent compréhensiblement des clarifications sur la possibilité d’être radiés s’ils refusaient de s’y conformer. Par ailleurs, il n’existe actuellement aucun droit de retrait du processus pour les juges.

Puisque la clause de conscience dans la loi sur l’avortement ne comporte pas l’exigence d’orienter les patients, il semble à nouveau possible que les députés abordent cette question par un amendement visant à supprimer cette obligation. Un engagement des soutiens du projet de loi à accepter des amendements pour traiter ces deux préoccupations pourrait jouer un rôle décisif dans la volonté des députés indécis de soutenir le projet lors de la deuxième lecture.

Cependant, certaines préoccupations seront probablement plus difficiles à traiter. L’une d’elles concerne l’interprétation de l’exigence stipulant qu’un patient ait moins de six mois à vivre. Plusieurs organisations ont soulevé des inquiétudes concernant l’éventuelle éligibilité des patients atteints de troubles alimentaires au suicide assisté. En effet, une personne souffrant d’anorexie, par exemple, pourrait devenir éligible en refusant un traitement, ce qui la placerait dans une situation où elle serait considérée comme étant en phase terminale. Il existe des preuves que des situations similaires se sont produites dans certains États américains ayant adopté des lois comparables à celles envisagées au Royaume-Uni. Assurer que le projet de loi soit étanche à ce genre de dérive ne serait pas une tâche facile.

Un autre problème réel est l’expansion de l’éligibilité par les tribunaux. Des experts juridiques, tels que Philip Murray ont soutenu que les tribunaux pourraient décider que limiter le suicide assisté aux seules personnes en phase terminale violerait les législations sur les droits de l’homme. Si les députés décident que l’assistance au suicide est une option de traitement appropriée pour une personne ayant quelques mois à vivre, même sans souffrir, cela pourrait être jugé discriminatoire de refuser cette option à ceux qui souffrent intensément mais qui ont encore plus de temps à vivre, ou même à ceux qui ne sont pas en phase terminale. Bien sûr, il est impossible de prédire avec certitude comment les tribunaux se prononceront sur de telles questions, mais il existe un précédent, notamment avec les décisions des tribunaux canadiens, qui ont élargi les critères du suicide assisté sans nécessiter de nouveaux votes législatifs. Il est difficile d’imaginer comment le projet de loi pourrait être amendé de manière à garantir aux députés que ce genre d’expansion ne se produira pas.

En ce qui concerne la coercition directe, le projet de loi met un accent particulier sur la nécessité de la traiter en introduisant de nouvelles infractions. Cependant, de nombreuses personnes s’inquiètent de la pression plus subtile que pourraient ressentir des patients déjà vulnérables, craignant d’être un fardeau pour leur famille et leurs amis. En effet, les données en provenance de l’Oregon montrent que cette crainte est une préoccupation majeure pour plus de 40 % des patients ayant recours au suicide assisté. Il est difficile de remédier à cette question par un simple amendement.

Enfin, selon le projet de loi, tous les cas doivent être approuvés par la Haute Cour. Sir James Munby, ancien président de la division familiale, a mis en doute la volonté et la faisabilité d’une telle implication des tribunaux, d’autant plus que les tribunaux familiaux ne disposent pas de la capacité nécessaire pour traiter le volume probable de cas, risquant ainsi d’être submergés. Toutefois, supprimer l’intervention des tribunaux éliminerait une protection essentielle.

En résumé, il est probable que certains problèmes spécifiques du projet de loi puissent être traités par des amendements. Cependant, un certain nombre de préoccupations plus graves semblent être d’ordre fondamental et difficiles à aborder dans le temps limité qui sera disponible pour l’examen après la deuxième lecture. Ces questions devraient peser lourdement sur la réflexion des députés indécis, alors qu’ils envisagent leur vote vendredi prochain.


David Paton is a Professor of Industrial Economics at Nottingham University Business School.

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