Cependant, en moyenne, les personnes dans les bancs anglicans des banlieues et des villages tendent à être libérales sur les questions de morale sexuelle tout en penchant politiquement à droite, tandis que les évêques de l’Église tendent à être conservateurs sur les mœurs sexuelles mais au moins légèrement de gauche sur le plan politique.

Quel que soit le résultat du processus législatif sur le suicide assisté, il y aura une campagne publique significative contre les propositions, et Welby est prêt à jouer un rôle de premier plan. Cela pourrait être particulièrement intéressant, car contrairement aux autres causes sociales progressistes qui tendent à attirer l’opposition chrétienne, l’avortement ou le mariage homosexuel, les camps pro et anti sur le suicide assisté tendent à traverser toutes sortes de divisions politiques.

Cela est dû au fait qu’il existe des arguments de gauche et de droite pour et contre le suicide assisté. Ainsi, Welby pourrait être plus visible dans l’œil public dans les mois à venir qu’il ne l’a été depuis de nombreuses années, travaillant aux côtés de personnes qui n’auraient normalement pas grand-chose à voir avec un archevêque.

Bien sûr, il est tout à fait légitime pour Welby de faire des interventions politiques comme celle-ci. Soit l’Église d’Angleterre est une partie vitale du tissu social et culturel de la nation, et mérite donc d’être entendue, soit nous vivons maintenant dans un contexte entièrement sécularisé, auquel cas l’Église ne devrait pas être plus réduite au silence sur les questions politiques que des groupes de médecins ou des célébrités le seraient.

Le mandat de 12 ans de Welby a comporté plusieurs interventions politiques majeures. Les trois plus significatives — prenant une direction conservatrice sur le mariage homosexuel dans ses débuts, et des programmes progressistes contre le Brexit et l’immigration plus tard — n’ont pas été particulièrement réussies.

Ainsi, l’intervention publique de l’archevêque est peu susceptible de déstabiliser le gouvernement, d’autant plus que les recherches d’opinion montrent une majorité claire et constante du public britannique en faveur de la légalisation du suicide assisté sous une forme ou une autre. Il convient de noter, cependant, que cette majorité n’est pas aussi écrasante que dans le cas de l’avortement, qui se situe autour de 15 contre 1.

Il est difficile d’évaluer comment le public réagira à la mort assistée comme une telle priorité pour le gouvernement si peu de temps après une élection générale alors qu’il est manifestement en difficulté pour traiter les principales questions qu’il a été élu pour résoudre. Néanmoins, la voix de Welby pourrait encore être précieuse dans ce débat.