À travers l’histoire, la heureuse convergence des hommes et des femmes — et leur produit dérivé, les enfants — a propulsé la civilisation humaine. Pas moins que Freud a vu ce besoin de famille comme intrinsèque : « Eros et Ananke [amour et nécessité], écrit-il dans Malaise dans la civilisation, sont aussi devenus les parents de la civilisation humaine. »
Pourtant, aujourd’hui, nous nous dirigeons vers une société où l’intimité sexuelle et la vie de famille sont sapées aux niveaux les plus basiques. L’impact peut être observé dans l’évolution des modèles de rencontres et la baisse des taux de mariage, la formation de familles et l’accouchement. Et ce n’est plus une maladie occidentale ; une majorité des gens dans le monde vivent dans des pays avec des taux de fécondité bien en dessous du niveau de remplacement ; d’ici 2050, environ 61 pays devraient connaître un déclin de la population.
Dans une certaine mesure, les racines de cette guerre entre les sexes sont économiques, exacerbées par la crise mondiale du ‘coût de la vie’ résultant de l’augmentation des prix de l’immobilier par rapport aux revenus, des coûts énergétiques et alimentaires plus élevés. Avec l’espoir d’une carrière stable et de la propriété d’une maison qui s’estompe, de nombreux jeunes choisissent maintenant, ou sont contraints de, adopter un mode de vie incompatible avec le mariage et la famille.
Cela est le plus évident en Occident lorsque l’on observe le changement rapide non seulement loin de la famille mais aussi de l’engagement hétérosexuel dans son ensemble. Mais en Asie de l’Est, la rupture des relations entre hommes et femmes est, si possible, encore plus marquée. Au Japon, par exemple, le précurseur des démographies asiatiques modernes, une personne sur quatre dans la vingtaine et la trentaine est vierge. En effet, les Japonais ont même un terme — ‘herbivores‘ — pour la génération de jeunes hommes passifs et désensibilisés.
Il en va de même pour la Chine, qui, malgré sa réputation d’antan pour sa forte culture familiale, abrite désormais 200 millions d’adultes non mariés. Autrefois pratiquement inimaginable, la proportion d’adultes âgés de 17 à 36 ans vivant seuls en Chine a grimpé à près de 70 %. Le mariage et la maternité, note un membre de la génération Z chinoise, sont devenus « presque synonymes du stress de la vie pour nous, les jeunes ».
Et cela ne représente pas simplement une crise démographique — mais inévitablement une crise politique aussi. Nous ne pouvons pas connaître les implications politiques de la guerre des sexes actuelle dans des sociétés comme la Chine et la Russie, où la vie civique est strictement contrôlée. Mais aux États-Unis, de nouvelles fractures deviennent plus prononcées. Plus précisément, les femmes, en particulier les femmes célibataires, constituent désormais la base de la politique progressiste. De même, au Canada, selon un sondage de 2020, les femmes favorisaient les libéraux par deux contre un tandis que les hommes penchaient légèrement vers les conservateurs.
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