Si elle est élue, Harris ne sera pas seulement la première femme de couleur à accéder à la présidence ; elle sera aussi une présidente sans enfants.
Harris, 59 ans, mariée depuis 10 ans à l’avocat Douglas Emhoff, est la belle-mère de ses deux enfants adultes qui la surnomment (soyons honnêtes, de façon adorable) ‘Momala’. C’est son premier mariage ; avant cela, elle a eu plusieurs relations médiatisées avec des hommes, dont la personnalité télévisée Montel Williams et le politicien de San Francisco Willie Brown, qui a 30 ans de plus qu’Harris et est crédité d’avoir aidé à lancer sa carrière en tant que procureure de district.
Il existe différentes façons de décrire l’histoire romantique de Harris et son contexte familial actuel : non traditionnel, mixte, moderne, compliqué. Les jeunes, pourraient y voir le style de vie ‘brat’ (qu’on traduira par ‘morveuse’) caractérisé par un hédonisme chaotique (tout en consommant de la cocaïne et avec des crises émotionnelles occasionnelles). Mais peu importe comment vous voulez l’appeler, il est remarquable de considérer à quel point nous sommes loin de l’époque des ‘valeurs familiales’ rigides en politique, lorsque les affaires extraconjugales pouvaient être des scandales qui mettaient fin à une carrière, tandis que le simple fait d’être divorcé était vaguement suspect.
À l’époque, l’idéal platonique d’un candidat à la présidence était rassurant et familier : un homme d’âge moyen bien mis en costume, flanqué d’une femme jolie mais pas trop glamour et de quelques enfants en âge d’être à l’école. L’aspirant candidat à la présidence dont la famille ne correspondait pas à ce modèle était confronté à une bataille de légitimité difficile ; celui qui était différent d’une autre manière pouvait gagner la confiance de l’Amérique en s’y conformant le plus étroitement possible. Ce n’est sûrement pas une coïncidence que Barack Obama, notre premier président noir, était également esthétiquement indiscernable du père de banlieue maladroit moyen dans un sitcom. Comparez cela à Kamala Harris, dont l’histoire personnelle et la ‘vibe’ politique ressemblent moins à un sitcom des années 6O qu’à House of Cards — ou peut-être Game of Thrones, si vous croyez que ses relations romantiques ont autant été le produit d’alliances stratégiques que d’une affection sincère.
En même temps, rien dans la génération actuelle de familles politiques n’est comme avant — comme le montre le candidat républicain, qui fait passer Bill Clinton, qui était jugé à l’époque comme étant scandaleusement libertin, pour un boy-scout. Donald Trump est deux fois divorcé, a cinq enfants de trois femmes différentes, est reconnu pour sa grossièreté, et a récemment accumulé de multiples condamnations de justice pour avoir utilisé des fonds de campagne pour acheter le silence de la star du porno avec laquelle il avait une liaison alors que sa femme était enceinte. Il est le négatif parfait des candidats aux ‘valeurs familiales’ favorisés par son parti avant le 21e siècle.
Le résultat est un discours profondément confus, dans lequel personne ne sait s’il faut s’accrocher à ses valeurs ou laisser flotter le drapeau du nouveau monde. Les progressistes queer polyamoureux qui se moquaient autrefois de Pete Buttigieg parce qu’il n’était pas assez gay, jongle à grosse goutes avec la dissonance cognitive de devoir rester à la fois ‘sex-positive’ tout en condamnant simultanément Trump pour ses moeurs dégoûtantes — pour citer Joe Biden, il aurait ‘les moeurs d’un chat de gouttière’. Pendant ce temps, la droite conservatrice excorie Harris l’allumeuse, la meurtrière d’enfants, la communiste embauchée pour sa race et adulée par les mémères à chats sans enfants — avant d’applaudir le machisme et la virilité de leur président adultère marié à trois reprises.
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