Le monde des aéroports est une dimension parallèle. Peu importe où ils se trouvent géographiquement, tous les aéroports sont essentiellement identiques, avec un ‘anglais international‘ simplifié et un fuseau horaire vaguement lié à son emplacement. Le monde des aéroports a même son propre climat : uniformément climatisé, en moyenne dans la zone des 21-24°C, ce que des études suggèrent comme la zone maximale de productivité humaine et de performances cognitives.
La semaine dernière, le monde des aéroports m’a amenée à Boston pour quelques jours, pendant une vague de chaleur qui a atteint des sommets de 36°C. Mais la chaleur n’a presque pas été ressentie comme telle grâce au contrôle climatique omniprésent en Amérique, qui a judicieusement maintenu mon séminaire strictement dans la zone de productivité.
Lors des rares occasions où je suis sortie, sentant mon esprit, ma peau et mes membres s’adapter à la vague solide de chaleur, je me suis retrouvée à réfléchir sur la signification de la climatisation. Quel genre de culture entreprend d’éliminer chaque variation locale, même celles de l’air lui-même, pour poursuivre un environnement maximal standardisé, rationnel et productif ? La réponse était, bien sûr, l’Amérique — mais maintenant, de plus en plus, cette culture de la climatisation s’est propagée dans le monde entier.
Un coup d’œil à l’histoire et à l’idéologie implicite de la climatisation révèle que cette technologie a commencé comme une machinerie industrielle, et est rapidement devenue (du moins aux États-Unis) un équipement domestique pour Monsieur Tout-le-Monde, au même titre que l’assainissement intérieur. Elle a prospéré dans le monde entier, en tant que facilitateur du développement économique. Et elle exprime, en microcosme, le pouvoir d’homogénéisation internationale de la culture et de la technologie américaines.
Les principaux concernés par cet air conditionné, en particulier dans les aéroports, constituent une supra-bourgeoisie désormais mondiale. Cette classe a pris son essor en tandem avec les révolutions numériques et financières ; son allégeance est, comme le soulignent les commentateurs conservateurs, souvent moins à une nation qu’à une culture internationale sans lieu fixe de travail de l’information, soutenue par des vols, bureaux et hôtels climatisés — tous reliés par des taxis climatisés — et facilitée par des applications. Ses membres ont probablement étudié dans des universités de l’Ivy League, mais peuvent venir de n’importe où : pour cette classe de la climatisation, la ‘diversité’ ne signifie pas grand-chose de plus que de légères variations dans les préférences alimentaires et l’accent avec lequel l’anglais des affaires internationales est délivré. Ce groupe est également, paradoxalement, souvent à l’avant-garde des appels égalitaires et environnementaux passionnés pour des réductions mondiales des émissions.
Mais cela pose un défi : car en plus d’être un mécanisme principal pour la culture internationale sans lieu fixe, intemporelle et diverse mais homogène et climatisée de la bourgeoisie internationale, la climatisation est également incroyablement vorace en ressources. Selon la chaleur ambiante dans un pays donné, refroidir l’air jusqu’à la zone de productivité tempérée peut être extrêmement coûteux en termes d’énergie. S’il s’agit d’un concours entre le Net Zero et le confort climatisé, lequel l’emportera ?
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