Les données de l’enquête de 2023
publiées cette semaine par le National Centre for Social Research, révèlent comment les Britanniques se perçoivent eux-mêmes. L’étude montre que, bien que le Royaume-Uni soit globalement une société inclusive en ce qui concerne la définition de l’identité britannique et du sentiment d’appartenance, une minorité significative continue d’adhérer à des conceptions plus ethnocentriques et exclusives de ces notions.
Selon les données, un peu plus de deux personnes sur trois (68 %) adhèrent à une conception “principalement civique” de l’identité britannique. Ce groupe privilégie des critères d’appartenance nationale tels que le respect des institutions politiques britanniques, l’obéissance aux lois, la possession de la citoyenneté et le sentiment d’être britannique. En 2023, 86 % des répondants considèrent que le respect des institutions politiques et de l’état de droit est un élément essentiel pour être ‘vraiment britannique’.
Il existe une proportion significative de la société — un peu moins d’une personne sur cinq — adopte une conception “principalement ethnique” de l’identité britannique. Ce n’est pas un groupe marginal : ce chiffre atteint 20 % chez les Britanniques blancs, 26 % chez les personnes de 65 ans et plus, et 27 % chez celles sans qualifications formelles. Il est important de noter que, par rapport aux partisans d’une vision plus “civique”, ces personnes sont plus susceptibles d’être fières de l’histoire britannique, mais moins enclines à se réjouir du fonctionnement actuel de la démocratie du pays.
Le profil des Britanniques ayant une vision plus ethnocentrique de l’identité britannique recoupe en partie celui de nombreux participants aux émeutes récentes dans des zones relativement marginalisées d’Angleterre. Il s’agit souvent de membres de la majorité blanche britannique, plus âgés, ayant des opinions anti-establishment, et avec un parcours éducatif limité. Certains de ceux condamnés pour les troubles violents ont bien plus de 60 ans, comme William Nelson Morgan, un soudeur à la retraite de 69 ans. Dans un incident distinct mais pertinent, Andrew Leak, un chômeur de 66 ans, qui a lancé des cocktails Molotov sur un centre de traitement des demandes d’immigration à Douvres en octobre 2022.
D’autres pays européens tels que la France, l’Allemagne, et les Pays-Bas, les mouvements d’extrême droite sont plus cohérents et influents, souvent portés par de jeunes intellectuels “protectionnistes” jouant un rôle clé. En revanche, l’histoire récente de la Grande-Bretagne moderne est quelque peu différente. Les troubles violents récents y sont désorganisés, fragmentés et spontanés, souvent alimentés par la colère d’une classe moyenne radicalisée. Ces mouvements sont à des années-lumière des mentalités cosmopolites de nombreux jeunes Britanniques, socialisés dans les universités modernes. Ces derniers tendent à adopter une vision plus critique de l’histoire britannique et des opinions relativement libérales sur la diversité induite par l’immigration.
Le récent désordre public dans certaines parties de l’Angleterre, ainsi que les nouvelles données publiées par NatCen Social Research, devraient servir de signal d’alarme. Les frustrations anti-establishment des citoyens plus âgés, qui se sentent culturellement marginalisés par les classes politiques sur des questions d’immigration, d’identité et de démographie, ne peuvent être ignorées. La véritable question est de savoir si le gouvernement britannique agira pour répondre à ces préoccupations, plutôt que de simplement les condamner. C’est là que réside l’incertitude.
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