En 2017, Simon Wessely, l’ancien président du Royal College of Psychiatrists, a déclaré : « Chaque fois que nous avons une semaine de sensibilisation à la santé mentale, mon moral s’effondre. Nous n’avons pas besoin que les gens soient plus conscients : nous ne pouvons pas gérer ceux qui le sont déjà. »
Il en va de même pour la sensibilisation à l’ADHD, et la situation n’a fait que se détériorer depuis. En 2023, le Dr Tony Lloyd, le directeur général de la ADHD Foundation, a déclaré qu’il y avait eu une augmentation de 400 % du nombre d’adultes cherchant un diagnostic depuis 2020, tandis qu’aux États-Unis, un garçon sur sept de moins de 17 ans a maintenant été diagnostiqué avec cette condition. Au Royaume-Uni, le temps d’attente moyen pour un renvoi pour ADHD est de trois ans.
Les médias sociaux ont beaucoup à se reprocher ici. Une nouvelle étude a analysé les 100 vidéos sur l’ADHD les plus populaires sur TikTok (où le hashtag #ADHD compte plus de 4 millions de vidéos et plus de 11 milliards de vues) et a constaté que moins de la moitié des affirmations concernant les symptômes reflétaient fidèlement les directives cliniques. L’étude a également révélé que les jeunes adultes qui passaient beaucoup de temps à regarder ce contenu étaient plus susceptibles de s’être auto-diagnostiqués et de surestimer la prévalence de ses symptômes.
Cela n’a rien de surprenant. Les créateurs de contenu, se déguisant en experts médicaux, pathologisent constamment des comportements normaux tels que « avoir une chambre en désordre » ou « avoir du mal à se concentrer ». Ils utilisent des anecdotes et des expériences pour requalifier l’ADHD en tant que trait de personnalité original — ou, pour utiliser le nouveau mot à la mode, « superpouvoir » — plutôt qu’un handicap limitant la vie. Ils encouragent les utilisateurs à rechercher un diagnostic car cela aurait soi-disant « transformé » leur propre vie. Comme l’ADHD n’est pas un binaire clair, mais plutôt un spectre d’incapacité, il est incroyablement facile de repérer des comportements similaires en soi, en particulier dans un monde surstimulant où tout le monde est distrait par des notifications push et des coups de dopamine numériques.
Ce phénomène de suggestibilité n’est pas nouveau, mais ce désir de diagnostic l’est. Pendant des décennies, les parents ont résisté aux étiquettes par crainte de stigmatiser leur enfant ; maintenant, ils les recherchent activement.
Les adolescents sont également particulièrement vulnérables à ces messages car l’adolescence est une phase de découverte de soi et de développement de l’identité, et ils veulent validation et réassurance ainsi que indépendance. C’est l’attrait impossible de la promesse d’un « remède rapide », une explication des lacunes perçues, une mesure de grâce pour ne pas répondre aux attentes sociales, scolaires ou personnelles.
Les diagnostics peuvent être utiles, mais ils peuvent aussi rapidement engloutir notre sens de soi. Un extrait des médias sociaux manque de la nuance nécessaire pour montrer aux jeunes que le fait d’avoir une étiquette peut les aider à naviguer dans leur perception du monde, mais ce cadre sûr et confortable peut également justifier des comportements et supprimer le désir de changement ou de responsabilité. C’est incroyablement compliqué, comme tout comportement humain, et ne peut pas être résumé en une « explication » de 30 secondes.
L’ADHD est une condition très réelle : en tant qu’enseignant, j’ai vu de première main à quel point il peut être difficile pour certains élèves de gérer leurs symptômes sans soutien ciblé et médication. Pourtant, l’explosion soudaine des diagnostics, alimentée par les médias sociaux, risque de miner la gravité du trouble et la probabilité que ceux qui ont vraiment besoin d’aide la reçoivent.
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