La Belgique, longtemps connue pour une série de cas d’abus sur des enfants, est désormais devenue un pionnier quelque peu surprenant de la « prostitution progressive ». Une nouvelle loi, entrée en vigueur dimanche, a sorti les proxénètes de l’ombre, leur conférant le statut d’employeurs légitimes. En principe, les femmes — et certains hommes — qui vendent du sexe à plein temps dans des bordels ont désormais droit à des contrats offrant des congés maternité, des congés maladie et des retraites.
Cette législation a été saluée par des organisations telles que Human Rights Watch (HRW). « C’est radical, et c’est le meilleur pas que nous ayons vu jusqu’à présent dans le monde », a déclaré la chercheuse de HRW, Erin Kilbride, au BBC. « Nous avons besoin que chaque pays avance dans cette direction. »
Malgré la dépénalisation de la prostitution en Belgique en 2022, les conditions sont restées sombres pour beaucoup dans les bordels du pays. Dans le même article de la BBC, Sophie, mère de cinq enfants, a rappelé qu’avant la récente réforme, « je devais travailler alors que j’étais enceinte de neuf mois […] je ne pouvais pas me permettre d’arrêter parce que j’avais besoin d’argent. »
Pour elle et beaucoup d’autres, le droit au repos et à recevoir un salaire pendant le congé maternité est un changement de vie. Mais ce qui reste non dit est révélateur. Dans ses paroles, il n’y a aucun jugement sur les hommes qui paieraient une femme enceinte et fauchée pour un acte sexuel qu’elle ne désirait pas. On peut dire que, dans une société où vendre du sexe est simplement un emploi, critiquer les habitudes d’un acheteur met en péril votre gagne-pain — et peut-être votre vie.
Pour ceux qui n’ont aucun scrupule moral à vendre du sexe, la nouvelle loi a du sens : elle impose des normes d’hygiène de base, des contrôles sur les proxénètes et des boutons d’alarme dans les chambres où le sexe est vendu. Mais c’est aussi clairement une tentative de désinfecter la prostitution. Que cela soit possible ou souhaitable reste un point de débat.
Bien que Sophie puisse faire une bonne interviewée, il est peu probable qu’elle soit représentative de la plupart de ceux qui vendent du sexe. Des estimations suggèrent qu’environ 70 % des femmes et des filles en prostitution à travers l’Europe sont des migrantes, un groupe beaucoup moins enclin à discuter des contrats de travail ou à se rassembler sous le slogan « le travail du sexe est un travail ». Une femme ukrainienne sera-t-elle vraiment en mesure de refuser un acte sexuel sans risquer soit son revenu, soit une mauvaise critique sur Punternet, soit la violence ?
Participez à la discussion
Rejoignez des lecteurs partageant les mêmes idées qui soutiennent notre journalisme en devenant un abonné payant
To join the discussion in the comments, become a paid subscriber.
Join like minded readers that support our journalism, read unlimited articles and enjoy other subscriber-only benefits.
Subscribe