Dans les premières heures du 13 septembre de l’année dernière, Nicholas Prosper, âgé de 19 ans, a abattu sa mère et deux de ses frères et sœurs chez eux à Luton. Il a utilisé un fusil de chasse à double canon qu’il avait acheté la veille auprès d’un vendeur en ligne, et prévoyait de commettre une fusillade de masse dans son ancienne école primaire.
Mardi, Prosper a été condamné à la réclusion à perpétuité avec une peine minimale de 49 ans de prison. Mais, comme on pouvait s’y attendre, la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a maintenant annoncé des plans pour renforcer les lois sur les armes à feu déjà strictes en Grande-Bretagne dans une tentative désespérée de légiférer pour sortir d’un problème qu’aucune loi ne peut prévenir. C’est le genre de politique gestuelle auquel nous nous attendons — non seulement de la part du Parti travailliste, mais d’une classe politique qui préfère mettre des pansements sur des blessures béantes plutôt que d’éradiquer le cancer dès le départ.
La Grande-Bretagne a déjà certaines des législations sur les armes à feu les plus restrictives au monde. La Loi sur les armes à feu (Amendement) de 1997, adoptée l’année suivant le massacre de l’école de Dunblane, a effectivement interdit les pistolets. Obtenir un certificat de fusil de chasse implique des vérifications d’antécédents approfondies, des inspections à domicile et des références de caractère. Les chiffres le reflètent : selon l’Office des statistiques nationales, les fusillades mortelles au Royaume-Uni sont restées constamment faibles, avec seulement 31 homicides impliquant des armes à feu au cours de l’année se terminant en mars 2023 — représentant moins de 5 % de tous les homicides.
Le fait que Prosper ait pu falsifier un permis d’armes à feu pour effectuer son achat de fusil de chasse fatidique ne révèle pas une faille béante dans notre régime de contrôle des armes. Au contraire, c’est simplement le dernier exemple d’un schéma troublant qui inclut le meurtre à l’arbalète de son ex-petite amie, de sa sœur et de leur mère par Kyle Clifford en juillet dernier ; la tuerie d’Axel Rudakubana à Southport le même mois ; et les meurtres par arme blanche de Valdo Calocane l’année précédente. La réponse est sûrement de chercher des remèdes culturels plutôt que juridiques.
La réaction instinctive de Cooper suit un chemin familier. Malgré d’innombrables « répressions » et des peines plus sévères, ces actes horribles persistent parce que les gouvernements successifs ont trouvé plus facile de interdire des objets que de confronter des vérités inconfortables. Par exemple : comment les graves maladies mentales de Calocane et Rudakubana sont restées sans traitement malgré de nombreux signes d’alerte, comment l’obsession de Clifford pour le contenu violent est restée sans contrôle, et comment tant de jeunes hommes sont devenus profondément déconnectés de la société au point que la violence est devenue leur mode d’expression privilégié.
La contradiction devient frappante lorsqu’on regarde à travers l’Europe. Des pays comme la Suisse, la Finlande et la République tchèque ont des taux de possession légale d’armes à feu significativement plus élevés que ceux de la Grande-Bretagne, mais des taux de criminalité violente plus bas. En Suisse, ceux qui sont dans l’armée conservent leurs armes de service à domicile, avec environ deux millions d’armes à feu en mains privées parmi une population de 8,5 millions. Pourtant, le taux d’homicides par arme à feu dans le pays reste une fraction de celui de la Grande-Bretagne.
La République tchèque permet aux citoyens de porter des armes à feu dissimulées pour leur défense, avec environ 240 000 citoyens détenant des permis dans un pays de 10,5 millions. Malgré cela, son taux d’homicides est inférieur à celui du Royaume-Uni. La Finlande, avec environ 1,5 million d’armes à feu parmi 5,5 millions de personnes, maintient également des taux de criminalité violente plus bas que ceux de la Grande-Bretagne.
Cependant, nous pouvons nous attendre à ce que les ministres du gouvernement fassent de fausses comparaisons avec l’épidémie de violence armée aux États-Unis, utilisant notre langue commune pour suggérer que la Grande-Bretagne suivrait inévitablement le même chemin sans de nouvelles restrictions. Cela ignore délibérément les preuves européennes qui nous sautent aux yeux. Le cliché selon lequel « les armes ne tuent pas les gens, les gens tuent des gens » résonne certainement en Grande-Bretagne, où les armes de meurtre se présentent sous toutes les formes et tailles, mais rarement avec des balles.
La vérité inconfortable est qu’aucune loi sur les armes à feu ne peut empêcher des individus déterminés d’obtenir des armes illégalement ou de recourir à des formes d’armement plus courantes. Les changements législatifs proposés par Cooper créent l’illusion d’une action tout en évitant le travail plus difficile d’aborder les raisons pour lesquelles tant de jeunes hommes sont séduits par la violence, en ligne et dans la vie réelle. C’est une gouvernance par les gros titres — apparaissant ferme sur la criminalité tout en ne faisant rien pour l’empêcher. L’accent mis sur des restrictions supplémentaires concernant les armes détourne l’attention de l’échec du gouvernement à inverser des décennies de problèmes sociaux, culturels et économiques multifactoriels qui ont incubé des individus comme Nicholas Prosper.
Si le Parti travailliste veut vraiment prévenir de futures atrocités, il doit reconnaître que le problème de la Grande-Bretagne n’est pas des lois sur les armes insuffisamment strictes. Au contraire, c’est une société dans laquelle des jeunes hommes aliénés canalisent de plus en plus leur détresse psychologique en actes de violence contre d’autres personnes. Ce ne sont pas principalement des crimes d’opportunité ou de passion, mais plutôt des manifestations d’une profonde déconnexion et d’un nihilisme que aucune interdiction d’armes ne peut résoudre. Tant que les politiciens ne confronteront pas cette réalité, leurs réponses législatives resteront ce qu’elles ont toujours été : un théâtre politique qui nous maintient enfermés dans un cycle de tragédie, d’indignation et de réaction inefficace.
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