La présence sur les réseaux sociaux de la Maison Blanche a pris un tournant particulièrement sombre et juvénile sous l’administration actuelle. Les publications émanant du plus haut bureau du pays ressemblent au travail d’influenceurs de droite en ligne, et non à des personnes qui sont réellement responsables de la gestion du pays.

Prenons, par exemple, l’utilisation récente par la Maison Blanche d’un outil d’intelligence artificielle pour transformer une photographie d’un agent des services d’immigration arrêtant une femme migrante en une image de dessin animé dans le style des films classiques de l’animateur Hayao Miyazaki. Ou une photographie publiée par le compte de la Maison Blanche du vice-président JD Vance tirant avec un fusil sur un stand de tir. « Juste le vice-président des États-Unis envoyant quelques graines de liberté au loin. Ça ne devient pas plus américain que ça », a-t-il écrit.

Pourquoi les mèmes sombres de la Maison Blanche sont-ils devenus un thème des communications de l’administration avec le public américain ? Une explication est que Trump et ses collègues à la tête du gouvernement fédéral fonctionnent toujours sous la mentalité de bunker adoptée par les conservateurs au cours de la dernière décennie.

Au cours de cette période, les conservateurs ont créé leur propre contre-culture transgressive, notamment sur Internet, ce qui a conduit à un écosystème de droite florissant, que ce soit des podcasts ou X sous Elon Musk. Mais cela a également créé une sorte de chambre d’écho, dans laquelle la droite en ligne a développé son propre langage, ses mèmes et ses figures de proue. Le résultat, peut-être inévitable, a conduit à une divergence croissante (et un détachement) avec les Américains ordinaires — comme l’a montré la campagne présidentielle extrêmement en ligne de Ron DeSantis.

Malheureusement, les personnes dans ce monde semblent maintenant diriger les réseaux sociaux de la Maison Blanche. C’est pourquoi nous voyons maintenant des vidéos ASMR de migrants enchaînés étant déportés, par exemple. Ce genre de chose pourrait plaire aux partisans hyper en ligne, mais pour la plupart des Américains, c’est tout simplement étrange.

Ce message pourrait nuire à l’administration et au Parti républicain dans son ensemble alors qu’ils cherchent à mettre en œuvre leurs politiques. S’ils veulent que les gens soutiennent leur approche de, disons, l’immigration, l’administration doit montrer que ce qu’ils font est pour le bien du pays — et non pas simplement pour satisfaire les désirs sadiques de certains membres du personnel de la Maison Blanche et des éléments ultra-partisans de la base républicaine. Comme l’a noté un commentateur, aborder ces questions de manière cruelle ou juvénile pourrait en réalité rendre les Américains plus sympathiques à la vision progressiste sur l’immigration.

Après avoir atteint leur objectif tant recherché de remporter le vote populaire lors de l’élection de 2024, l’administration risque de faire basculer le pendule dans l’autre sens — tout comme cela s’est produit lors du premier mandat. Une rhétorique dure envers l’immigration associée à des politiques comme la séparation des enfants a contribué à retourner le public américain contre l’approche de Trump sur la question à l’époque et la même chose pourrait se reproduire maintenant.

Alors que la défavorabilité de Trump commence à augmenter, il devrait se méfier de la manière dont son administration aborde de telles questions. Bien qu’il y ait un soutien large pour des contrôles d’immigration plus stricts, transformer les déportations en mème pourrait ne pas plaire aux modérés et aux indépendants, qui pourraient souhaiter punir le président lors des élections de mi-mandat de l’année prochaine. Souvent, la manière dont une politique est conduite est aussi importante que la politique elle-même.

L’Amérique a besoin d’un leadership sage qui comprend qu’elle doit parler et se comporter comme si elle avait une main ferme sur le volant, guidant le pays vers de nouveaux horizons meilleurs. Continuer à publier comme un influenceur conservateur en herbe ne les rapproche pas de cet objectif, cela le sape activement.

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