Avec un peu de sagesse de base, diriger pour la scène est plutôt simple. La sagesse est la suivante : « Le public s’en fiche. » Ils se moquent de l’endroit où les personnages « ont fait leurs études », ou de quel souvenir l’acteur est en train de remonter pour influencer sa performance ; ils veulent juste voir un spectacle.
Le spectacle qu’ils voient lors d’une première soirée consistera en deux choses existant avant la répétition : les acteurs et le script. Les acteurs n’ont pas besoin de discuter du script, ils l’ont compris en le lisant. Ils n’ont pas besoin d’améliorer leur performance par une analyse élaborée, ils ont juste besoin d’être présents et de s’exprimer — la performance qui suivra sera appréciée en fonction de leur capacité à le faire et de la valeur du script. Aucune performance ne peut améliorer un mauvais script, et un bon script n’a pas besoin d’aide.
Avant les années vingt, le directeur était connu sous le nom de régisseur. C’était son travail de placer les acteurs de manière à ce que le public puisse les voir et les entendre, et qu’ils ne trébuchent pas sur les meubles. « Plus fort, plus vite, fais une pause ici, ne bouge pas pendant que l’autre parle » : c’étaient les outils du directeur.
Mais la salade de psychoanalyse et la méthode ont remplacé le régisseur par le directeur. Son travail était d’analyser le script de manière psychanalytique et de diriger les acteurs dans un groupe de rencontre d’un mois appelé le processus de répétition. Rien de tout cela ne faisait de différence pour le public, si ce n’est que la conscience de soi que la charade engendrait chez l’acteur, le transformait de performer en analyste laïque. Après tout, quiconque lit un texte de pièce le comprend suffisamment pour apprécier les interactions. Et plus une pièce est bonne, moins elle a besoin d’un décor — les pièces de Shakespeare se jouent très bien à la radio.
Alors, au-delà de la simple mise en scène, dans sa responsabilité envers le public, comment le directeur (ancien régisseur) pourrait-il être utile à l’acteur ? En une chose : une subtile modification de l’intention de l’acteur. Le gars jouant Iago comprend qu’il va se venger de son patron en accusant faussement Desdémone. L’acteur pourrait jouer une scène révélant les faux indices à Othello comme « transmettant une faveur » ; le directeur pourrait plutôt suggérer qu’il la joue pour « réfuter une fausse accusation ». Les mots sont les mêmes, mais l’intention (appelée l’objectif) est quelque peu différente, et le changement influencera subtilement la performance.
Notez que dans aucun des cas, l’acteur n’est invité à « ressentir » quoi que ce soit, ou à « croire » quoi que ce soit, il est simplement invité à réimaginer l’objectif.