La campagne présidentielle de Robert F. Kennedy Jr. a pris fin prématurément, avec le descendant de la dynastie politique la plus célèbre d’Amérique apportant son soutien à l’outsider élitiste Donald Trump. Ce geste, teinté d’opportunisme politique, pourrait néanmoins avoir un impact significatif dans ce qui s’annonce comme une élection palpitante.
Le retrait de Kennedy a été aussi chaotique et contradictoire que sa campagne. Il a présenté sa décision comme un sacrifice noble pour éviter de jouer les trouble-fêtes, tout en se présentant simultanément comme une victime d’une vaste conspiration démocrate. “Dans mon cœur, je ne crois plus que j’ai un chemin réaliste vers la victoire électorale face à cette censure systématique et ce contrôle médiatique implacables”, a déclaré Kennedy,
semblant reconnaître que se battre contre des moulins à vent est un travail épuisant.
L’ironie, bien sûr, est que la candidature quixotesque de Kennedy a été nourrie par le même écosystème médiatique qu’il dénonce aujourd’hui. Sa campagne a trouvé un terreau fertile dans les recoins marécageux d’Internet, où prospèrent les sceptiques des vaccins et les outsiders politiques. Aujourd’hui, il appelle ses partisans à le suivre dans les bras accueillants de Donald Trump, un virage qui
serait choquant s’il n’était pas si prévisible.
Mais la bande hétéroclite de partisans de Kennedy va-t-elle réellement répondre à son appel ? C’est la question à un million de dollars qui empêche les opérateurs politiques de dormir la nuit.
Les récents sondages du Pew Research Center montrent une base de soutien aussi cohésive qu’un château de sable à marée haute. La base de Kennedy est jeune, politiquement désengagée et profondément insatisfaite des deux grands partis. En d’autres termes, ce sont des électeurs aussi susceptibles de rester chez eux le jour des élections que de voter pour Trump.
La campagne de Trump
se réjouit néanmoins à l’idée d’hériter des partisans de Kennedy. Le directeur de campagne du candidat républicain a suggéré que leurs votes pourraient faire la différence dans les États ‘pourpres’ de la Rust Belt. Ils misent sur l’idée que ceux attirés par la politique outsider de Kennedy graviteraient naturellement vers la rhétorique de Trump sur le “drainage du marais”. C’est une théorie astucieuse, mais qui ignore commodément le
gouffre idéologique béant entre l’écologisme de gauche de Kennedy et l’enthousiasme de Trump pour les combustibles fossiles.
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