Deux études publiées cette semaine apportent un éclairage sur un problème qui continue de frustrer de nombreux scientifiques, en particulier ceux qui critiquent les politiques gouvernementales liées au Covid-19 : les biais idéologiques des principales revues médicales.
Les études ont été coordonnées par le professeur John Ioannidis de l’Université Stanford, qui a longtemps étudié les biais de publication dans la recherche médicale, y compris le tristement célèbre article de 2005 intitulé Pourquoi la plupart des découvertes de recherche publiées sont fausses.
La première comparait les publications dans le BMJ de scientifiques qui prônaient le Zéro Covid, tels que les membres de Independent Sage, à d’autres groupes scientifiques, y compris les membres du groupe officiel du gouvernement Sage et les signataires de la Déclaration de Great Barrington (GBD). Il a été constaté que les partisans du Zéro Covid au Royaume-Uni avaient publié 272 articles connexes, contre seulement 21 pour les membres de Sage et seulement six pour les signataires de la GBD. Cette divergence importante était principalement due au nombre écrasant d’articles d’opinion et d’analyse, qui sont généralement soumis à des normes de supervision éditoriale différentes.
Le deuxième article (auquel j’ai contribué) a analysé l’appartenance de plus de 350 scientifiques impliqués dans un important article « consensuel » dans Nature. L’article, publié en 2022, a été couvert par plus de 150 médias d’information et continue d’être largement téléchargé et cité. Pourtant, 35 % de l’équipe d’étude principale (14/40) et près de 20 % des membres du panel total (63/367) étaient des figures majeures du mouvement Zéro Covid, y compris environ un tiers des membres totaux de Independent Sage et du World Health Network. L’article de Nature « propose une vision mondiale pour une prise de décision éclairée » sur la manière de mettre fin à la pandémie grâce à une approche combinant vaccins et l’ensemble des autres politiques et interventions que nous avons observées au cours des années Covid.
Ces deux articles contribuent à étayer ce que de nombreux scientifiques ont vécu pendant la pandémie : le contrôle des revues principales, favorisant les positions officielles du gouvernement et rejetant les articles qui les critiquaient. Prenons, par exemple, l’influence de Richard Horton, rédacteur en chef de la revue médicale la plus célèbre au monde, The Lancet, qui était un partisan — ou du moins sympathisant — du Zéro Covid. En octobre 2020, la revue a publié un article d’opinion intitulé « Consensus scientifique ». Le « Mémorandum John Snow » critiquait l’étude GBD [NDT : Global Burden of Disease, etude sur la charge mondiale de morbidité], promouvait des interventions maximalistes et citait en particulier les exemples du Vietnam et de la Nouvelle-Zélande, qui ont tous deux suivi un programme Zéro Covid.
Les scientifiques qui soutenaient la GBD savaient et savent toujours : il est plus facile de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille que de faire publier un article dans The Lancet. Mais que font ces biais implicites à la politique publique et à la nature de la science ? Entre autres choses, pendant la pandémie, ils ont créé une réalité et une vérité fausses selon lesquelles nous pourrions éliminer le virus. Cette arrogance a été responsable de certaines des pires décisions politiques de notre époque, causant des dommages étendus dans le monde réel.
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