La chute du régime d’Assad en Syrie n’a pas modifié l’équilibre des pouvoirs dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Il est désormais évident que la guerre en Ukraine, après la mort de centaines de milliers de personnes, se terminera par des négociations, tout comme elle aurait pu l’être il y a deux ans. La différence réside dans le fait que l’Ukraine perdra probablement non seulement la Crimée, mais aussi une grande partie de la région du Donbass. Seule une intervention militaire directe et accrue de l’Occident pourrait potentiellement empêcher ce scénario, mais cela comporterait des risques considérables.
Il est clair aujourd’hui que l’Ukraine ne remporte pas la guerre. L’OTAN a fourni des milliards de dollars en armements sophistiqués, notamment des missiles Patriot, des HIMARS, des ATACMS, des chars Abrams, des avions F-16 et, plus récemment, des missiles Storm Shadow. Toutefois, aucune de ces aides n’a permis une offensive ukrainienne réussie. En réalité, le conflit s’est transformé en une guerre d’attrition qui épuise lentement la main-d’œuvre ukrainienne ainsi que les arsenaux de l’OTAN. Une nation de 35 millions d’habitants, avec un PIB d’environ 180 milliards de dollars, ne peut espérer vaincre un pays de 150 millions d’habitants et un PIB de 2 trillions de dollars. La dure réalité est que l’Ukraine a autant de chances de triompher de la Russie que la Belgique n’en aurait de vaincre l’Allemagne, peu importe le soutien militaire occidental.
La chute du régime d’Assad n’est pas nécessairement le signe d’une faiblesse russe. En 2016, la puissance aérienne russe, et non ses forces terrestres, a été décisive pour permettre à l’armée syrienne de conserver le contrôle du pays. En 2024, une armée syrienne démoralisée s’est effondrée sans résistance. Face à cela, la puissance aérienne russe n’avait que peu d’influence pour changer la donne. Actuellement, les deux bases russes en Syrie restent sous contrôle russe, mais leur avenir demeure incertain. Ce qui est clair, cependant, c’est que Vladimir Poutine garde son attention sur l’Ukraine, où les forces russes continuent d’avancer, cherchant à maximiser les territoires qu’elles contrôlent avant que des négociations ne puissent débuter.
Les sanctions économiques ne modifieront pas non plus l’issue de la guerre. Depuis 2022, les nations occidentales ont imposé à la Russie un régime de sanctions inédit, le plus vaste depuis la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de sanctions ont été appliquées à des individus, des entreprises et des institutions gouvernementales russes. Cependant, ces sanctions n’ont provoqué qu’une légère récession en 2022, qui a rapidement été inversée. Loin de s’effondrer, l’économie russe a connu une croissance rapide. Le PIB de la Russie a augmenté de 3,6 % en 2023 et devrait croître au même rythme cette année. Ironiquement, les Russes s’en sortent mieux que ceux qui leur imposent des sanctions. En 2023, l’économie américaine n’a crû que de 2,5 %, tandis que l’économie allemande a même diminué, et l’UE dans son ensemble a enregistré une croissance de moins de 1 %.
Il convient également de se rappeler que, pour le peuple et la direction russes, ne pas perdre la guerre est bien plus crucial que pour la Grande-Bretagne. Les Russes croient qu’ils se battent pour leur survie contre un Occident corrompu, sans Dieu et implacable. Lorsque des chars Leopard sont arrivés en Ukraine, les gros titres à Moscou déclaraient : « Des chars allemands à nouveau sur le sol russe ». Chaque parent russe ayant perdu un fils à cause d’un char allemand ou d’un missile britannique exige désormais victoire et vengeance. De plus, si la Russie est vaincue, le président Vladimir Poutine ne survivra pas politiquement. Plus Poutine craint de perdre, plus il escaladera le conflit. Si ce dernier tombe, il ne sera pas remplacé par des démocrates libéraux, mais par des nationalistes russes encore plus radicaux.
Les justifications pour le soutien britannique à l’Ukraine ont toujours été discutables, mais rarement remises en question. Au contraire, les médias jingoïstes ont systématiquement minimisé les risques tout en encourageant un soutien à la guerre basé sur trois hypothèses : l’invasion de la Russie était non provoquée ; l’Ukraine est une nation démocratique, unie depuis longtemps, qui mérite d’être défendue ; et l’Ukraine peut gagner la guerre. Chacune de ces hypothèses est gravement erronée.
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