Que vaut un nom ? Large de seulement 350 pieds et long de neuf miles, le ‘Corridor de Philadelphie’ n’est guère plus qu’une tache. Pourtant, ces dernières semaines, il a pris des proportions démesurées. Avant le 7 octobre, cette petite bande de terre séparant l’Égypte de Gaza servait de conduit clé pour les flux d’armes et d’argent vers le Hamas. Aujourd’hui, c’est le principal obstacle à un accord entre Israël et le groupe terroriste Hamas.
Dans le cadre du cessez-le-feu proposé de six semaines en échange de la libération des otages israéliens, l’IDF devra se retirer du Corridor. Mais cela pose un dilemme. Libérer la ligne, et ce sera du déjà-vu. Le Hamas se reconstituera et se réarmera, attendant un jour meilleur pour s’en prendre à nouveau au diabolique Yahud (Juif). Et Israël sera de retour à la case départ.
C’est, après tout, la leçon de l’histoire. Réticent à réoccuper tout Gaza après son retrait en 2005, l’IDF est régulièrement revenu pour ‘tondre l’herbe’, comme le dit une blague israélienne, pour réduire le potentiel de guerre du Hamas. Pourtant, l’herbe repousse rapidement. Après chaque incursion de l’IDF, le Hamas rebondissait avec un meilleur équipement et une meilleure formation. Le ‘Mouvement de Résistance Islamique’ a utilisé les pauses pour construire des tunnels fortifiés qui accueillaient des camions chargés de matériel venant d’Égypte. Le Caire ne pouvait pas ou ne voulait pas arrêter le flux — comme il ne le fera pas lorsque l’IDF se retirera.
Cela rend-il le maintien du Corridor une évidence ? Stratégiquement parlant, oui. Mais pas dans une démocratie dynamique comme Israël, où des centaines de milliers sont descendus dans la rue après le meurtre de sang-froid de six otages, tandis que 101 restent encore à Gaza. Sans aucun doute, si parmi les six otages assassinés se trouvaient mes propres enfants, je marcherais pour libérer les pions restants de Yahya Sinwar. Tout pour ‘les ramener chez eux maintenant’, comme le demandent les manifestants, et mettre de côté toute priorité stratégique retenue par Netanyahu.
Cependant, la colère juste ne résout pas le dilemme déchirant d’Israël : sauver des vies ou désarmer le Hamas, sécuriser un cessez-le-feu ou garder le Corridor ? N’oublions pas que Sinwar, un leader dont l’habileté tactique n’est égalée que par son inhumanité, ne vise pas un affrontement durable, encore moins un modus vivendi. L’objectif est de restaurer le Hamas au pouvoir.
Sur le plan tactique, le cruel point, qui pourrait échapper à une nation torturée, est évident : le Hamas ne libérera pas tous les 101 otages. Pour la simple raison que la valeur de chaque Israélien restant augmentera. Ce qui est plus probable, c’est qu’ils les libéreront au compte-gouttes et garderont le reste comme des pions humains pour maintenir la pression et échanger des vies contre des concessions. Ce jeu ne prendra pas fin.
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