Dans son discours inaugural au poste de Premier ministre, Keir Starmer a promis de gouverner de manière sobre, à la hauteur des défis du moment. Il a ancré son discours d’ouverture dans la majorité ordonnée et conservatrice en minuscules de la Grande-Bretagne, promettant des « frontières sécurisées » et des « rues plus sûres ».
Et pourtant, les camions de déménagement avaient à peine quitté le n° 10 Downing Street que des informations ont filtré selon lesquelles les prisons britanniques seraient pleines, et que le Lord Chancelier, Shabana Mahmood, pourrait être obligé de libérer environ 40 000 criminels avant la moitié de leur peine, pour soulager la surpopulation. L’association de lutte contre la violence domestique Refuge a déjà mis en garde en indiquant que cela signifie que les auteurs de violences domestiques pourraient être libérés après avoir purgé à peine 40 % de leur peine originelle.
Pour les détracteurs de Starmer, le rapport est la preuve d’un utopisme d’extrême gauche plus large : une idéologie qui souhaite la réduction des effectifs de la police, l’ouverture des frontières et le traitement des toxicomanes avec des drogues gratuites. Ses défenseurs, quant à eux, répliquent que les conservateurs ont créé ce problème. Et il est vrai que les prisons britanniques étaient pleines avant l’arrivée de Starmer au pouvoir ; l’année dernière, on a entendu les juges dire qu’ils n’allaient pas prononcer de peines d’emprisonnement car il n’y avait pas de place pour incarcérer les détenus. Puis, en mai, Sky a signalé que le gouvernement de Sunak avait discrètement introduit d’autres mesures de libération anticipée pour soulager la pression sur les prisons, incluant même des détenus considérés comme « à haut risque ».
Ensuite, avant les élections, Sunak aurait transformé son inaction en piège pour la nouvelle administration. En mai, il aurait bloqué une demande de libération anticipée de presque 500 délinquants supplémentaires, laissant le problème à Starmer pour qu’il s’en occupe. Dans l’ensemble, les gros titres ressemblent plus à un terrain miné dyu parti conservateur qu’à une preuve irréfutable que Starmer soit laxiste en matière de criminalité.
Mais même s’il ne l’est pas, ses problèmes vont au-delà de la seule capacité des prisons. Un coup d’œil à la loi et à l’ordre en Grande-Bretagne depuis le dernier gouvernement travailliste révèle que les conservateurs ont peu fait pour améliorer l’approche de Blair, et ont beaucoup contribué à aggraver les choses. Et aussi que la politique du New Labour en matière d’ordre public avait ses propres racines dans une tendance à long terme de baisse de la confiance sociale et de croissance du pluralisme des valeurs. Alors que le bilan des conservateurs en tant qu’héritiers de cette approche laisse beaucoup à désirer, Starmer aura du mal à faire mieux : il a des cartes bien plus difficiles à jouer que Blair.
En tant que dernier dirigeant travailliste à avoir obtenu une victoire écrasante, Blair a suivi la voie entre les électeurs en devenir, de classe moyenne et libéraux, et sa base plus autoritaire de l’Ancien Labour en mettant stratégiquement l’accent sur l’ordre public grâce à des mesures telles que la loi sur le crime et le désordre de 1998 – même s’il a libéralisé de nombreux autres aspects du pays. Cette loi visait particulièrement les comportements « antisociaux » et introduisait de nouvelles formes de surveillance et de contrôle non privatives de liberté telles que les Asbos [NDT : Anti Social Behaviour Orders]. En plus de la législation, Blair a également boosté le financement de la justice pénale, y compris une augmentation de 21 % en termes réels des dépenses pour la police. Tout cela était conçu pour fonctionner aux côtés d’une augmentation des dépenses en matière de bien-être et de services sociaux. La logique était d’atténuer la pauvreté qui contribue à la criminalité, tout en punissant les contrevenants : « Sévère avec la criminalité, sévère avec les causes de la criminalité ».
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