Sabrina a un garçon qui obéit à sa moindre envie. Olivia sait qu’elle a peut-être l’air folle mais elle s’en moque. Chappell a une liaison amoureuse sexuellement explicite avec une femme. Billie veut dévorer cette fille pour le déjeuner. Charli veut que vous deviniez la couleur de sa culotte. Renée se prend la tête avec la pire garce sur terre. L’été 2024 est celui des Bad Girls.
Les injonctions anodines de passer un bon moment ou les sentiments vagues sur l’amour sont dépassés. La musique de cette année vous invite à faire la fête, à ressentir vos émotions dans tout leur glorieux désordre et à succomber à une excitation franche et furieuse. Musicalement, ces femmes couvrent tout, du dream-pop (Billie Eilish) aux mélodies de guitare entraînantes (Olivia Rodrigo) en passant par la dance music accrocheuse (Charli XCX). Esthétiquement, elles vont de mignon à la Bardot (Sabrina Carpenter) à original et unique (Chappel Roan, avec son maquillage de mime et ses coiffures sauvages).
Certaines de ses praticiennes n’ont pas encore vingt ans, mais sont célèbres depuis l’enfance — Eilish a commencé à sortir de la musique à 13 ans et a connu son premier succès à 15 ans, tandis que Carpenter et Rodrigo sont toutes deux passées par la machine Disney à l’adolescence. Certaines d’entre elles sont assez âgées pour partager leurs pensées nerveuses sur le fait d’avoir leurs propres enfants — I Think About It All The Time, sur le nouvel album de Charli XCX Brat, est une confrontation franche avec sa propre horloge biologique, dans laquelle elle se demande si avoir un bébé donnerait ‘un nouveau but à sa vie’ ou ‘lui ferait regretter sa liberté’.
Elles ne forment pas exactement une scène à part entière. Mais ensemble, elles sont une constellation engagée dans l’exploration de ce que l’on pourrait qualifier largement — et au moins en partie de façon ironique — de ‘chaos féminin’. Ce sont des filles qui chantent des chansons sur des filles, pour des filles.
J’utilise le mot ‘fille’ à dessein, car même si elles sont toutes adultes, chacune a une attirance pour l’adolescence. On pourrait peut-être qualifier ça d’infantilisant, mais je ne pense pas que ce soit le cas. Après tout, une grande partie de ce qu’elles chantent est profondément adulte — non seulement le désir et la peine, mais aussi les dissections lucides de leur vie professionnelle. (Charli XCX se lamente sur le fait qu’elle se soucie beaucoup du magazine Billboard dans Rewind et Eilish s’inquiète de ‘suis-je sur le point de disparaître ?’ sur la première piste de son nouvel album, Hit Me Hard and Soft.)
L’adolescence désigne plutôt un certain état inachevé de la féminité. Dans certains cas, c’est parce qu’elles passent à l’âge adulte sous les regards du public (‘Quand vais-je cesser d’être géniale pour mon âge et juste commencer à être bonne?’ se demande Rodrigo sur Teenage Dream de l’album Guts). Pour d’autres, c’est parce qu’elles savent que la fièvre des années d’adolescence fait une bonne muse : Charli XCX s’engage dans cette idée en appelant son album Brat.
Participez à la discussion
Rejoignez des lecteurs partageant les mêmes idées qui soutiennent notre journalisme en devenant un abonné payant
To join the discussion in the comments, become a paid subscriber.
Join like minded readers that support our journalism, read unlimited articles and enjoy other subscriber-only benefits.
Subscribe