Cela est depuis longtemps en préparation, mais après une démonstration triomphante aux élections européennes, puis un résultat si fort au premier tour des élections législatives françaises, il semble que le Rassemblement National, le parti de Le Pen, ait bénéficié de la décision audacieuse d’Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées.
Le leader actuel du RN, Jordan Bardella, pourrait même être couronné le plus jeune Premier ministre de l’histoire française. Si cela devait se produire, cela représenterait l’un des plus grands changements de fortune pour un mouvement politique en Europe. Lorsque le Front National a été fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, il était composé d’un groupe éclectique de collaborateurs, de résistants, d’anciens poujadistes et de nostalgiques de l’Algérie française. Dans les années 80, le parti d’extrême droite est devenu l’épouvantail de la politique française, un no man’s land électoral toxique rendu intouchable par la passion de Le Pen pour l’antisémitisme. Lorsqu’il est arrivé au second tour de l’élection présidentielle en 2002, cela a été perçu comme une catastrophe pour la nation, mais Le Pen père et sa marque radioactive n’ont jamais été en mesure d’exercer le pouvoir (il a perdu 82-18 au second tour).
Alors qu’un tel héritage empoisonné ne peut être complètement balayé, le parti d’aujourd’hui — une bête nourrie par Marine, la fille de Jean-Marie — n’est plus un groupe radical en marge de la politique française. Il est plutôt vu comme un parti de rassemblement opportuniste de plus en plus au centre de la marge française.
Le Pen a passé 15 ans à ‘désintoxiquer’ son parti, à le purger de ses membres les plus extrêmes, à changer son nom, et même à se battre avec son père dans le processus. Aujourd’hui, un stupéfiant 92 % des Juifs croient que La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon contribue à la montée de l’antisémitisme, contre seulement 49 % pour le RN. Mais les gains sont doubles : élection après élection, le parti a fait des gains réguliers, se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle à deux reprises. Avec la carotte alléchante du véritable pouvoir politique, le parti a décidé de se débarrasser de toutes les aspérités restantes. Le RN, en conséquence, mène une campagne qui ne peut être décrite que comme modérée.
Autrefois, Marine Le Pen était la Marianne du Frexit, qui faisait de la sortie de l’UE l’engagement central du RN en 2017. Cependant, depuis lors, le parti a évité de présenter quoi que ce soit qui ressemble à un euroscepticisme agressif. Aujourd’hui, son modèle en Europe est Giorgia Meloni : la défenseure italienne du nationalisme au sein de l’UE, plutôt que du nationalisme dans un seul pays.
En ce qui concerne sa critique de l’OTAN, le RN a également adouci sa position, citant des préoccupations quant au message qu’il enverrait aux alliés de la France en Ukraine. En effet, la guerre de Vladimir Poutine semble avoir vacciné le parti contre ses précédents signes démonstratifs de poutinophilie ; son invasion est survenue quelques jours seulement avant que Le Pen ne soit sur le point d’envoyer un dépliant présidentiel avec une photo d’elle serrant la main de Poutine. Le RN n’est peut-être pas le plus grand soutien de Kiev, mais il n’a pas non plus opposé à la plupart des programmes d’aide de la France ces derniers mois.
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