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Vladimir Poutine n’a peut-être pas à faire de compromis sur l’Ukraine

MOSCOU, RUSSIE - 19 DÉCEMBRE : Le président russe Vladimir Poutine assiste à la session annuelle spéciale de questions-réponses télévisée et à la conférence de presse de fin d'année prévue au Centre de commerce et d'exposition Gostiny Dvor à Moscou, Russie, le 19 décembre 2024. (Photo par Sefa Karacan/Anadolu via Getty Images)

décembre 31, 2024 - 5:00pm

Vladimir Poutine semble avoir été particulièrement conciliant ces derniers temps. En novembre, des sources du Kremlin ont révélé l’ouverture du président russe à discuter d’un accord de cessez-le-feu et, plus tôt ce mois-ci, Poutine a déclaré qu’il était prêt à faire des compromis sur l’Ukraine lors de discussions avec le président américain entrant Donald Trump.

L’enthousiasme de Poutine pour la négociation semble déroutant. Pourquoi négocier quand on est en train de gagner? Les forces russes réalisent des progrès sur le champ de bataille, Moscou dispose d’hommes et de missiles en provenance de Corée du Nord, et Trump a écarté le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme « le plus grand vendeur de la terre ». Ces circonstances propices peuvent expliquer pourquoi, tout en prétendant n’avoir aucune condition préalable aux négociations, Poutine ne prend déjà pas la perspective au sérieux.

Lors de sa conférence de presse de fin d’année, Poutine a affirmé qu’il ne signerait des accords qu’avec le parlement ukrainien et son président, conformément à la déclaration du Kremlin selon laquelle les élections en retard ont rendu la présidence de Zelensky illégitime. Le président russe a ajouté que son homologue à Kyiv devrait être réélu pour que Moscou puisse lui parler.

Les complications pratiques sont claires : les députés ukrainiens devraient prendre le temps de s’organiser et de convenir des termes du cessez-le-feu au-delà des lignes partisanes, les chiffres impliqués présentant de plus grandes opportunités de manipulation russe. Cela avant même de considérer les défis de tenir des élections lorsque les électeurs sont à l’étranger ou au front. De plus, Poutine a déclaré la semaine dernière qu’il serait ouvert à l’offre de la Slovaquie d’organiser des pourparlers de paix. Ceux-ci seraient vraisemblablement accueillis par le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui a suscité la colère de Kyiv pour ses relations amicales avec le Kremlin.

Du point de vue de l’Occident, c’est la stratégie la plus dangereuse que la Russie puisse adopter : Poutine envoie des signaux positifs mais ralentit le processus avec des retards et des demandes arbitraires ou inacceptables. L’espoir du Kremlin serait de progresser sur le champ de bataille alors que l’attention occidentale passe de l’approvisionnement en armes au soutien des négociations, avec des engagements d’aide à Kyiv plongés dans l’incertitude en raison de doutes sur la longévité du conflit.

Alors, comment amener la Russie à la table des négociations ? Le plan de Trump est d’augmenter les armes à l’Ukraine si Poutine refuse. Cependant, les efforts précédents ont rencontré des obstacles logistiques et ce mouvement pourrait s’avérer impopulaire auprès de sa base MAGA. Une autre solution proposée par des analystes est celle des pénalités pour procrastination, avec des sanctions supplémentaires sur Moscou et plus de livraisons d’armes à Kyiv pour chaque mois sans accord. Pourtant, le Kremlin a prouvé qu’il pouvait contourner les sanctions, et Poutine sait que le véritable péril pour l’Ukraine n’est pas de manquer d’armes mais de manquer d’hommes, rendant la discussion du camp de Trump d’ « armer l’Ukraine jusqu’aux dents » en réalité plutôt édentée.

Le président russe est également conscient que Trump pourrait bientôt perdre patience avec des négociations prolongées et, avec moins de levier sur la Russie qu’il n’en a sur l’Ukraine, pourrait alors faire pression sur Kyiv pour accepter des conditions défavorables juste pour obtenir un accord. Zelensky a suggéré à la fin novembre qu’un accord pourrait être conclu si son territoire restant était « sous l’ombrelle de l’OTAN ». Pourtant, tandis qu’il exprime ce qu’il pourrait accepter, Poutine insiste sur ce qu’il ne pourrait pas.

Le 26 décembre, le leader russe a rejeté une suggestion — rapportée comme centrale au plan de Trump — que l’Ukraine reçoive l’adhésion à l’OTAN dans les 20 ans à venir. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ensuite réitéré le mécontentement de Moscou à l’égard de cette idée, ainsi que de la perspective de casques bleus européens en Ukraine. Clairement pas pressé, il a rejeté tout engagement avec l’équipe de Trump jusqu’après l’inauguration. Pendant ce temps, l’annonce de Lavrov selon laquelle la Russie abandonnera un moratoire sur le déploiement de missiles nucléaires capables d’atteindre des cibles intermédiaires et à portée réduite montre que Moscou ne renoncera pas à ses menaces nucléaires. Poutine a également signalé son refus de céder sur la limitation des forces militaires de l’Ukraine à 85 000 soldats, la neutralité permanente de l’Ukraine, et le retrait total de Kyiv des régions de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson. Ce sont les exigences sur lesquelles l’Ukraine pourrait donc se voir pressée de faire des compromis.

Tous les accords commencent par des positions maximalistes, mais Poutine ne montre aucun intérêt à réellement faire des compromis. Il espère qu’il n’est pas le seul. Le Kremlin pariera sur le fait que le nouveau « faiseur d’accords » de la Maison Blanche trouvera cet accord particulier trop ennuyeux et trop en retard pour mériter autre chose qu’un effort précipité.


Bethany Elliott is a writer specialising in Russia and Eastern Europe.

BethanyAElliott

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