Le lancement du British Muslim Network (BMN) cette semaine — réunissant des personnalités éminentes des sphères de la politique, des médias, des affaires, du divertissement et du sport — est le dernier groupe de pression religieux en ville. Mais cela conduira-t-il à des relations plus saines entre les musulmans et l’État, ou sera-t-il encore un ajout au complexe industriel des griefs de la Grande-Bretagne ?
Le BNM est bien placé pour influencer l’élaboration des politiques, surtout avec des gouvernements successifs — y compris le ministère travailliste actuel — poursuivant une approche de « non-engagement » avec le Muslim Council of Britain (MCB). Bien que l’entrepreneuse sociale Akeela Ahmed, co-présidente du BMN, ait insisté sur le fait que le nouveau réseau cherche à « compléter » des organisations telles que le MCB plutôt qu’à les remplacer, une initiative qui met en lumière les contributions de la population musulmane socialement et culturellement diversifiée de la Grande-Bretagne serait une amélioration significative.
Cependant, il y a de nombreuses raisons de pessimisme, en raison des groupes et des individus impliqués dans la conception du BNM. Cela inclut l’ancienne co-présidente du Parti conservateur, la baronne Warsi, dont le parcours, allant de avoir été hué par des islamistes à Luton à être accusée d’avoir donné des rôles officiels à Whitehall à ceux liés à des groupes islamistes, constitue une étude de cas fascinante sur l’auto-préservation identitaire dans la Grande-Bretagne moderne. Dans la préparation du lancement de cette semaine, Warsi a justifié la création de ce nouveau groupe de pression en affirmant que « pendant trop longtemps, les musulmans britanniques ont été amenés à sentir que leurs voix n’importent pas ». En effet, c’était le thème prédominant de son récent livre Muslims Don’t Matter, qui soutenait que l’islamophobie est le principal angle mort de la bigoterie en Grande-Bretagne.
Cette nouvelle organisation suit des plans annoncés par le Parti travailliste plus tôt ce mois-ci, concernant l’établissement d’un conseil pour élaborer une définition officielle du gouvernement de l’islamophobie. L’organisme proposé a rencontré de vives critiques, y compris de la part de la dirigeante conservatrice Kemi Badenoch, qui a déclaré la semaine dernière que la création d’une nouvelle définition serait semblable à l’introduction d’une « loi sur le blasphème […] par la porte de derrière ».
Bien que le préjugé anti-musulman reste un problème dans la société britannique — comme en témoigne la propagation de théories du complot et la violence qui a suivi les meurtres de Southport l’année dernière — il y a un risque que le BMN se cantonne à un simple forum de discussion sur l’islamophobie si le pouvoir et l’influence sont entre les mains de personnes comme Warsi et d’organisations telles que Hope Not Hate, qui soutient l’initiative. En effet, les preuves montrent que les musulmans britanniques comptent dans l’élaboration des décisions politiques mainstream — allant du schéma de sécurité protectrice pour les mosquées du ministère de l’Intérieur aux plans du gouvernement pour fournir un financement en capital pour le coût d’un mémorial spécifiquement pour les militaires musulmans.
La mission du BMN devrait aller bien au-delà de la simple lutte contre le préjugé anti-musulman, mais le parcours de ses figures de proue signifie qu’il y a un risque qu’il soit orienté autour de conceptions libérales de gauche de l’« islamophobie », plutôt que de fournir des solutions pratiques à des problèmes tels que le coût de la vie, l’emploi, l’éducation, la santé et l’ordre public. S’il s’agit d’une entreprise véritablement audacieuse, elle ne mettra pas seulement en lumière les contributions des musulmans britanniques, mais pointera également les forces relatives au sein des communautés musulmanes britanniques qui se sont érodées dans le mainstream relativement atomisé et individualiste. Celles-ci incluent la valorisation du mariage comme institution pour élever des enfants et le soin des parents âgés.
Le BMN doit opérer selon le principe central que les musulmans britanniques comptent, et qu’ils sont largement privilégiés par rapport à beaucoup de leurs coreligionnaires dans le monde. Sans ce sentiment patriotique, il tombera aussi à plat que beaucoup de ses prédécesseurs.
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