Les débats internes du Parti travailliste sur les affaires internationales seront révélés avec le temps. En tant que parti d’opposition, le Parti conservateur était rarement divisé sur la politique étrangère — à l’exception des questions entourant Israël et Gaza. Les réalités du gouvernement sont cependant très différentes, et c’est au tour du Parti travailliste de s’attaquer aux priorités stratégiques concurrentes de la Grande-Bretagne.

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le parti a ancré sa crédibilité en matière de défense dans un soutien sans équivoque à Kiev. La guerre en Ukraine synchronise le souhait du Parti travailliste de régler les relations de la Grande-Bretagne avec l’Europe, comme cela était clair à l’EPC hier, et sa conviction que la Russie est la menace principale pour la sécurité britannique. Dès son lancement, le Parti travailliste a critiqué le manque de prise en compte de la dimension européenne de la politique étrangère britannique dans la Revue Intégrée d’origine. L’invasion de l’Ukraine semblait valider cette critique, comme en témoigne Liz Truss lorsqu’elle a ordonné une mise à jour du document lors de son bref mandat de Premier ministre.

Mais la politique étrangère du Parti travailliste doit concilier la place de la Russie en tant que principale menace militaire pour la Grande-Bretagne et ses partenaires européens avec le changement systémique à long terme apporté par la Chine. Healey a régulièrement souligné le compromis dans la politique de défense britannique entre l’Europe et l’Asie. « Il doit y avoir un réalisme concernant les engagements militaires dans l’Indo-Pacifique, a-t-il déclaré à Politico en mars de l’année dernière. Nos forces armées sont desservies par des dirigeants qui prétendent que la Grande-Bretagne peut tout faire, partout. »

Cependant, en tant que parti tourné vers l’avenir, de nombreux jeunes membres du Parti travailliste voient la Chine comme la principale menace économique, politique et militaire pour l’ordre international. Ils soutiennent que les ambitions du parti pour une transition écologique et un renouveau industriel ne peuvent être planifiées qu’en tenant compte de la puissance économique de la Chine. David Lammy, dont le ‘réalisme progressiste’ vise à être la doctrine directrice du Parti travailliste à l’étranger, a promis un ‘audit’ de la relation du Royaume-Uni avec la Chine lorsqu’il était secrétaire d’État aux Affaires Étrangères de l’ombre. Pendant ce temps, de nouveaux députés et groupes activistes et de réflexion — tels que Hong Kong Watch et l’Institut des Risques Stratégiques de la Chine — ont l’intention de faire pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse l’hostilité de la Chine.

Il y aura inévitablement des débats difficiles sur la manière dont la Grande-Bretagne devrait équilibrer les menaces posées par la Russie et la Chine, et il ne manque pas d’opinions divergentes. Pour ceux qui citent la Russie, la reconstruction des forces armées britanniques, des stocks de munitions et de la base militaro-industrielle sera impérative. Les partisans de la priorisation de la Chine plaident en faveur d’une refonte plus fondamentale de l’économie britannique pour la soustraire de sa dépendance à une puissance potentiellement hostile. De plus, la manière dont la Grande-Bretagne place ses ressources militaires et diplomatiques limitées — et avec quels partenaires internationaux elle le fait — sont des questions importantes auxquelles le Parti travailliste n’a pas encore répondu.

La campagne électorale du Parti travailliste dissimulait une prudence désespérée quant à ce qu’ils pouvaient réellement faire dans un cadre économique serré. Le parti savait que les décisions difficiles arriveraient, et maintenant il doit les prendre.

---

Angus Reilly is Assistant Editor at Engelsberg Ideas. He is writing a book about Henry Kissinger in the Second World War and a biography of David Owen.

Angus_Reilly

---