Emmanuel Macron n’est pas étranger aux phrases accrocheuses. Il a un jour déclaré célèbrement que l’OTAN était ‘cérébralement morte’. Maintenant, il a affirmé que l’Union européenne est en danger mortel.
S’exprimant cette semaine devant Bloomberg, le président français a soutenu que ‘l’UE pourrait mourir’, ajoutant : ‘Nous sur-réglementons et sous-investissons. Dans les deux à trois années à venir, si nous suivons notre agenda classique, nous serons hors du marché.’
Cette analyse ne sera pas nouvelle pour les Euro-nerds qui ont lu les 400 pages du rapport blockbuster de Mario Draghi sur la compétitivité de l’UE ou qui ont au moins parcouru son résumé heureusement court. Selon le document, l’UE n’investit pas assez, manque de superpuissances innovantes et a été trop naïve en les défendant contre les concurrents internationaux.
Macron ne peut pas être accusé de ne pas prendre l’avenir de l’Europe suffisamment au sérieux, ayant déjà averti l’année dernière de la mort imminente du continent. Lorsqu’il soutient que les États-Unis et la Chine violent les règles du commerce international, il peut citer des dizaines de discours précédents dans lesquels il a déjà fait ce constat. De plus, il a plaidé pour une réforme européenne depuis son célèbre discours de la Sorbonne en 2017.
Cependant, cette interview avec Bloomberg tente de masquer les contradictions dans la pensée macroniste sur l’Europe et la réglementation. L’accent mis par Macron sur ‘l’autonomie stratégique’ de l’UE signifiait également un fort soutien à la souveraineté réglementaire et donc à la réglementation, en particulier dans le secteur technologique. L’homme de Macron à Bruxelles, l’ancien commissaire au marché intérieur Thierry Breton, est rapidement devenu le visage de l’initiative réglementaire de l’UE, plus récemment avec la loi sur l’IA du Parlement européen. Et pourtant, ces mêmes initiatives réglementaires sont directement ciblées par Draghi comme nuisibles au paysage innovant de l’Europe.
Plus important encore, le principal problème de Macron est que ses discours atteignent un public de plus en plus restreint. Sa décision kamikaze de dissoudre le parlement a sérieusement entravé son capital politique et l’a contraint à rassembler un fragile gouvernement minoritaire dirigé par le Premier ministre de centre-droit Michel Barnier.
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