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La frappe de l’Iran sur Israël pourrait être une erreur désastreuse

Iran’s high command has not considered the threat it still faces. Credit: Getty

août 1, 2024 - 7:00am

Avant l’évacuation de Yasser Arafat d’une Beyrouth assiégée le 30 août 1982, un tireur d’élite israélien l’avait dans son viseur mais s’est vu refuser la permission de le tuer. Arafat était alors un leader politique reconnu et bénéficiait ainsi de quelque chose de bien plus fort que l’immunité diplomatique : la règle tacite mais absolue selon laquelle aucun gouvernement arabe n’a jamais essayé d’assassiner un leader politique israélien et vice versa.

Mais les choses sont différentes avec le Hamas. Le groupe n’a jamais pu accepter la légitimité de la domination juive sur une partie quelconque d’Israël et de ses chefs, et n’a donc jamais pu passer du statut de terroristes à celui de leaders politiques. Maintenant, l’un de ses dirigeants — Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du groupe, un poste que l’on pourrait plus ou moins rapprocher de celui de Premier ministre — a découvert les pièges de cette approche. Alors qu’il retournait dans une maison d’hôtes officielle à Téhéran, après avoir assisté à la cérémonie de serment du nouveau président iranien Masoud Pezeshkian mardi, un très petit missile a été tiré à travers la fenêtre de sa suite, le tuant lui et un garde du corps.

Exilé au Qatar, Haniyeh aurait pu vivre en toute sécurité et dans un grand luxe. Le pays abrite un bureau du Mossad depuis des décennies et a coopéré de manière constante avec Israël de toutes les manières possibles, tout comme il a financé la propagande mondiale anti-américaine d’Al Jazeera et a hébergé la base militaire américaine la plus active de toute la région. De même, il se serait senti tranquille à Téhéran, capitale de la République islamique d’Iran qui se considère davantage comme les successeurs des empereurs perses.

Avec des milices arabes se battant pour lui du Liban au lointain Yémen, ainsi qu’en Syrie et en Irak, l’ayatollah Ali Khamenei est vraiment le successeur de l’empereur Cyrus — même si Cyrus a restauré la domination juive sur Jérusalem à laquelle Khamenei veut mettre fin. Ce soir, le Guide suprême de l’Iran a ordonné une frappe de représailles contre le pays qu’il accuse de l’assassinat de Haniyeh. Israël a, selon ses mots, ‘préparé le terrain pour recevoir une punition sévère’ ; c’est le ‘devoir’ de la République islamique de se venger.

Mais peut-être que le haut commandement de l’Iran — et ses alliés — n’ont pas pris en compte la menace à laquelle ils sont encore confrontés. De nos jours, même des écoliers peuvent piloter des drones, et la distance de 1 400 kilomètres depuis Israël n’est pas un grand problème. Mais l’assassinat de Haniyeh a nécessité autre chose. Pour mener à bien cette attaque, il fallait une connaissance exacte de la pièce dans laquelle il se trouverait environ huit heures avant l’envoi du drone. Cela ne pouvait venir que de personnes surveillant de très près le leader du Hamas pendant sa visite, ce qui implique une bonne vue sur sa chambre depuis l’autre côté de la rue.

Hassan Nasrallah devrait voir cela comme un avertissement. Tout comme Arafat, le leader du Hezbollah — le groupe accusé d’une attaque le week-end dernier sur le plateau du Golan qui a tué une douzaine d’enfants — rejette et nie la légitimité de la domination juive. Maintenant qu’il a été témoin de la facilité avec laquelle Haniyeh a été éliminé, Nasrallah serait avisé d’avancer avec prudence, même sur le sol de ses alliés.


Professor Edward Luttwak is a strategist and historian known for his works on grand strategy, geoeconomics, military history, and international relations.

ELuttwak

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