Après avoir tenté de faire passer son budget sans majorité à l’Assemblée nationale, le Premier ministre français Michel Barnier a été déposé cet après-midi par une coalition ad hoc de la Gauche et du Rassemblement National. Il n’a obtenu que 246 voix en soutien, sur 577.
Lorsque Emmanuel Macron a nommé Barnier comme son prochain Premier ministre en septembre, l’ancien négociateur du Brexit savait qu’il s’engageait peut-être dans le travail le plus difficile de sa longue carrière. Trois mois plus tard, il détient désormais le record du gouvernement français le plus court depuis 1958. L’arithmétique parlementaire était devenue trop compliquée avec le budget imminent. Barnier et son gouvernement minoritaire savaient qu’ils étaient à la merci de Marine Le Pen si elle décidait de s’allier avec la Gauche pour un vote de censure. Après des semaines à jouer avec le Premier ministre, elle a décidé de mettre fin à son soutien transactionnel pour le centre.
Pour ce qui s’agit du successeur de Barnier, nous sommes dans des eaux inconnues. Macron pourrait décider de nommer un autre membre des Républicains à sa place. Ce ne serait pas un signe particulièrement conciliant, mais créer une majorité alternative semble difficile. Le centre-gauche ne semble pas plus disposé à soutenir Macron qu’il ne l’était l’été dernier. Une coalition avec Le Pen est évidemment voué à l’échec. Ainsi, le Président devra recommencer et espérer que la tête de Barnier apaise un public en colère.
Mais alors que cette crise politique continue d’engloutir la France, les accusations seront de plus en plus pointés vers Macron lui-même, qui est finalement responsable du chaos parlementaire actuel grâce à sa décision de dissoudre le parlement en juin. Bien qu’il ne puisse pas appeler à un autre vote anticipé avant l’été prochain, il pourrait briser le blocage en démissionnant et en déclenchant des élections présidentielles anticipées.
Pour l’instant, cela semble peu probable. Mais si le blocage persiste, Macron sera la cible d’attaques de toutes parts, y compris de l’intérieur de ses propres rangs. Au sein de son orbite de plus en plus hargneuse, beaucoup ont déjà commencé à marquer leur territoire pour la prochaine course présidentielle — y compris trois de ses quatre précédents Premiers ministres — et considèrent désormais le Président comme un canard boiteux déconnecté, seul responsable du désastreux vote anticipé de cet été.
Donnant du poids à cette vision, Le Monde dresse un portrait peu flatteur d’un monarque isolé entouré d’un petit cercle intérieur de conseillers obséquieux. Dans un style gaullien pompeux, Macron parle désormais prétendument de ses compatriotes français comme de « mon peuple ». Bien que l’article du Monde doive être pris avec des pincettes compte tenu de l’hostilité du journal envers le Président, Macron a indéniablement perdu sa touche magique et manque du capital politique pour exercer un pouvoir significatif.
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