J’aime l’Église d’Angleterre. J’aime sa liturgie, ses magnifiques églises paroissiales, son absence de ferveur idéologique, et la manière douce et inclusive dont elle reste perméable à ceux qui se trouvent en dehors de ses murs. J’aime l’héritage de foi qu’elle préserve. Mais depuis un certain temps, les choses vont mal pour l’Église, et la démission de l’Archevêque de Cantorbéry marque un tournant décisif. Soit elle saisit cette opportunité pour engager une réforme radicale, soit elle continuera à glisser — si ce n’est à s’effondrer — vers l’irrélevance.
L’Église est dans un état critique. La pandémie de Covid a été un désastre absolu. La fermeture forcée des églises — privant ainsi les fidèles d’un soutien vital en temps de crise — a envoyé un signal dévastateur : l’Église semblait absente dans leur heure de besoin. J’ai été interdit d’entrer dans mon église pour prier, mais j’ai pu le faire pour vérifier des éléments à des fins d’assurance. Voilà les priorités. Pas étonnant que tant de fidèles aient déserté. Et nombreux sont ceux qui ne sont jamais revenus. Bien que la fréquentation hebdomadaire moyenne ait augmenté de près de 5 % en 2023, atteignant 685 000 personnes — marquant ainsi une troisième année consécutive de croissance —, nous restons loin des chiffres d’avant la pandémie. Un rétablissement est-il possible ? Peut-être. Mais cela demandera une lutte acharnée. La direction de l’Église sera-t-elle prête à entendre mes suggestions ?
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1. Brûlez La Machine
De nombreux membres du clergé se sont épuisés à tenter d’enrayer cette glissade fatale. En octobre, la Dre Liz Graveling, chercheuse principale sur le bien-être des clercs à l’Église d’Angleterre, a présenté des données saisissantes lors d’une conférence au Clergy Support Trust. Les chiffres qu’elle a dévoilés sont alarmants : plus d’un clerc sur cinq est cliniquement déprimé, et un sur trois souffre d’une forme de dépression légère. Nous sommes isolés, démoralisés, épuisés. Nombreux sont ceux qui se sentent profondément négligés et préoccupés par leur situation financière personnelle. Comme l’a résumé, avec une pointe d’ironie, un ami vicaire : « Ce n’est tout simplement plus aussi amusant qu’avant. »
Une grande partie de la démoralisations réside dans le fait que, sous le mandat de Welby, l’Église s’est transformée en une bureaucratie descendante. Les évangéliques, à l’instar de Welby, ont toujours estimé qu’ils savaient comment mener le meilleur évangélisme, forts de leurs grandes églises suburbaines prospères en termes d’effectifs. Welby a puisé dans son expérience professionnelle et l’a associée à son zèle évangélique particulier, dans l’intention de l’imposer au reste de l’Église. Les paroisses ayant adhéré à la formule de Welby ont bénéficié d’un financement central, tandis que les plus petites, moins évangéliques, n’en ont pas eu. Le problème réside dans le fait que ce qui fonctionne dans les banlieues londoniennes ne se transpose pas nécessairement à Little Snoring, ni même dans le centre-ville de Leicester.
L’Église, autrefois modèle de subsidiarité — les vicaires étaient comme des petits papes dans leurs propres paroisses, diront certains détracteurs — est aujourd’hui dominée par une machine bureaucratique aux rouages incompréhensibles. Le travail autrefois effectué sur le terrain est désormais concentré dans des comités éloignés. Ce qui était autrefois un réseau d’églises locales, gérées par des communautés proches, risque de se transformer en une chaîne uniformisée. Ce processus porte le nom de Vision et Stratégie, accompagné d’une nouvelle grammaire du christianisme administratif que l’on nous demande maintenant de maîtriser.
Une grande partie de l’énergie locale — et des ressources financières — autrefois consacrée aux actions de terrain est désormais détournée vers la réponse aux exigences du centre. C’est ainsi que Welby et ses partisans appellent « le travail ». Et c’est « protéger ce travail » qui fut la raison de son refus initial de démissionner. Il sait que son successeur pourrait bien mettre en œuvre des changements radicaux, comme il le devrait.
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