C’est l’hiver maintenant. Les bruits d’antan reviennent. La brume perle sur la branche et tape, tape, tape sur le sol. Le grattement velcro des feuilles mortes. Berk, dit l’oiseau trempé. Le vent se précipite de l’Atlantique et trébuche sur cette petite île, un ivrogne solitaire éparpillant des ardoises de toit et déplaçant des poubelles, hurlant dans la nuit.
Autour de Noël, à partir de la mi-décembre, il peut y avoir un autre son. Les mummers sortent faire leurs rondes. Des cris sur le chemin et un coup à la porte. Le coup fait partie de l’ensemble. Personne ne frappe normalement : ils entrent directement. « Bonjour bonjour et comment ça va ? » Frapper est étrange, un signe que quelque chose d’inhabituel va suivre. Un bon coup met la scène en place.
Entre alors un homme costumé avec un visage de paille. Il demande d’abord la permission. C’est important aussi. Il doit être invité à entrer, comme un vampire ou un agent des impôts. Aucun mal ne surviendra à un propriétaire qui refuse l’entrée. Rien ne sera cassé, aucun mot dur prononcé. L’homme de paille s’en ira simplement et emportera ses amis cachés avec lui. Ils seront déçus, bien sûr. Mais bien accepter les refus fait partie de la performance. Une telle courtoisie distingue le mummer des autres hommes masqués errant dans l’obscurité.
Et s’il est accueilli ? Alors vous pouvez bien le voir à la lumière de la lampe. C’est le Capitaine ou le Bouffon. En Angleterre, on pourrait l’appeler Marshall ou Tom Fool ou Arthur Abland ou le Père Noël ou même la Mère Noël, selon où vous êtes et quand vous êtes. Mais nous sommes en Ulster, et donc nous l’appellerons le Capitaine. Il entre directement dans la cuisine avec sa tête voilée par un cône de paille. C’est le moment crucial. Il doit prendre le contrôle de son public et le faire rapidement, avant que le bizarre et le vrai ne se fanent en quelque chose de ridicule. « Salle, salle, braves et valeureux garçons, venez nous donner de la place pour pousser la rime… »
Maintenant, cela commence pour de bon. La troupe entre. Il pourrait y en avoir cinq, il pourrait y en avoir quinze. Cela varie d’un endroit à l’autre. Le Capitaine présente un homme fanfaron. En Irlande, c’est généralement le Prince George. Après avoir parlé de ses triomphes pendant un moment, il est défié par un troisième homme. Cela pourrait être Saint Patrick dans le West Tyrone, ou un Champion turc à Belfast. Ils dégainent leurs épées et s’attaquent jusqu’à ce que le perdant gise ensanglanté. Le résultat est adapté au goût local. Le Prince George pourrait triompher à Belfast, mais se faire écraser dans le West Tyrone.
On crie pour un médecin. Il apparaît, vêtu d’un large chapeau et d’un manteau noir, l’image même d’un homme médical. « Je peux guérir la peste intérieure, la peste extérieure, la paralysie et la goutte… » Oui, il y a un remède à obtenir, mais cela coûtera cher. L’argent change de mains. Dix livres, une somme merveilleuse. Le médecin se met au travail et l’homme tombé se redresse, restauré à sa force et à sa vigueur.
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