Un après-midi d’automne doré, dans un quartier tranquille du nord de Londres, je suis tombé sur un portail vers un avenir anglais possible. Hadley Wood se trouve à la périphérie de la ville, entre Barnet et le M25, apparemment oublié dans son propre petit monde de maisons Tudor de metroland, parsemé de champs de poneys et de plaques commémoratives aux pionniers de l’ère de la vapeur. Pourtant, entre les glycines et les Jaguars, il y a un sentiment d’inquiétude.
Des bandes de cambrioleurs professionnels rôdent dans la région. « Ils viennent tous les jours que vous soyez à l’intérieur ou non », explique un homme du coin derrière sa poubelle. « Ils n’ont pas l’air de se soucier. » Tout est à prendre, me dit l’homme, des colis Amazon dans les entrées aux Lexus dans l’allée.
La témérité n’est guère surprenante. Hadley Wood est l’une des innombrables communautés britanniques effectivement abandonnées par le bras protecteur de l’État. En 2018, la région a subi 65 cambriolages, une virée criminelle qui n’a pourtant pas réussi à émouvoir le bras court de la loi. Une telle expérience marque désormais la vie suburbaine dans la capitale, la Met [Metropolitan Police, NdT] n’ayant pas réussi à résoudre un seul crime dans 160 zones résidentielles de Londres au cours des trois dernières années. « La police a abandonné cette zone il y a des années », explique un résident en haussant les épaules.
Telle est l’humeur nationale. La confiance dans la police est à un niveau historiquement bas, avec la criminalité récemment en forte hausse, devenant le quatrième problème dans le pays. Pourtant, dans ce vide d’ordre, Hadley Wood offre une solution potentielle. Pour 100 £ par mois et par foyer, une entreprise appelée My Local Bobby sera votre force de police privée, patrouillant dans les ruelles et les arrière-cours, répondant en 30 secondes à un cambriolage et même allant chercher votre femme à la gare dans l’obscurité. Je les ai aperçus moi-même, roulant dans des voitures de patrouille alors que je flânais dans les rues vides. Derrière eux, se trouve une équipe qui poursuivra les criminels en privé devant les tribunaux, avec un taux de condamnation de 100 %, un service récemment utilisé par Reform UK après l’agression présumée d’un policier à l’aéroport de Manchester.
Bienvenue dans la Grande-Bretagne du XXIe siècle, où l’État peine de plus en plus à remplir ses fonctions de base, et où des acteurs privés se précipitent maintenant pour combler le vide. Ce n’est, bien sûr, pas seulement une question de loi et d’ordre. Au contraire, le phénomène de My Local Bobby représente le fil lâche d’un contrat social en déliquescence. Lorsque l’État n’est plus capable d’exercer ses fonctions de base, après tout, pourquoi la couche de contribuables de la classe moyenne en déclin de la Grande-Bretagne ne choisirait-elle pas quelque chose de mieux ?
Le budget récent a offert un rappel sombre de cette réalité à somme nulle à laquelle fait face le financement des services publics en Angleterre. Une grande partie des recettes fiscales générées au cours des prochaines années, ainsi que des emprunts supplémentaires, sera destinée à financer le NHS : une flambée de dépenses à court terme avant une réforme promise qui de toute façon s’éteindra d’ici 2025. Cela, semble-t-il, se produit déjà au détriment d’autres services publics. Malgré la mission du Parti travailliste de « reprendre les rues », la Met est sur le point de perdre 2 000 autres agents dans le cadre d’une nouvelle coupe budgétaire. Cela fait suite à une décennie au cours de laquelle le financement de la police a déjà chuté de 20 % en termes réels.
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