La soirée d’élection prévisible nous a laissé indifférents et sans véritable raison de célébrer. Starmer est au pouvoir ; les conservateurs ne le sont plus. Comment notre politique est-elle devenue si ennuyeuse ?
Aurions-nous dû danser davantage dans les rues ? Peut-être. Pourtant, trop de choses ont déjà été dites sur le changement, et ça n’a convaincu personne. Cela aussi était prévisible. S’il y a une crise qui touche nos sociétés aujourd’hui, ce n’est pas la question de qui détient la majorité ; c’est une crise de l’imagination politique. Face à des manifestes qui se ressemblaient étrangement, le choix se résumait finalement à qui n’empirerait pas le plus la situation.
Je comprends que demander une meilleure ‘imagination’ puisse sembler plutôt banal à notre époque contemporaine. L’élection est gagnée. Et tout comme ‘solidarité’, c’est un mot maintenant vide de sens et souvent utilisé par ceux qui, dans leur phrase suivante, appellent à la destruction des grandes œuvres d’art. Et pourtant, face à cette maigre offre, j’ai le sentiment que nous avons désespérément besoin de ceux qui placent l’imagination au centre de leurs projets visionnaires. Alors que les promesses d’une meilleure santé, d’une meilleure police et de contrôles migratoires plus stricts sont monnaie courante, qui croit vraiment que quelque chose changera au-delà de la semaine prochaine ? En d’autres termes, tout comme par le passé lorsque les idées politiques étaient confrontées au même type de grisaille étouffante, nous avons besoin de temps pour raviver l’esprit du romantisme.
Le romantisme est souvent associé aux artistes et poètes de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle, qui se sont détachés de la morosité des visions classiques du monde. Souvent mal compris, ce courant n’a rien à voir avec une fuite idéaliste du monde. Et il n’a certainement rien à voir avec la nostalgie. À la recherche d’une appréciation plus profonde des sens, les romantiques ont insisté sur la nécessité de réimaginer toutes les catégories fondamentales de la société, y compris la façon dont nous voyons la vie, comment nous communions avec la nature et comment nous répondons aux changements dans une société de plus en plus mondialisée.
Souvent associée aux écrits novateurs de Wordsworth, Byron, Keats et Shelley, la tradition a commencé bien plus tôt en Europe florentine. Si le romantisme consiste à affronter la tragédie de l’existence et à confronter ses horreurs, tout en trouvant encore de nouvelles raisons de croire en notre monde, ces éléments sont tous apparents dans le plus beau poème jamais écrit, la Divine Comédie de Dante Alighieri.
Non seulement l’intervention de Dante a eu un impact profond sur notre compréhension des relations entre les auteurs, les victimes et les témoins de la violence, mais il a inventé la vision que l’on a tous de l’Enfer. Le poète nous offre un certain nombre de leçons importantes alors que nous réfléchissons à l’état de la politique aujourd’hui. Dante ne détourne pas le regard des conditions intolérables auxquelles sont confrontés les misérables sur Terre. Au contraire, il les observe attentivement et pose des questions à Virgile, son guide érudit. Dante est un étudiant qui n’a pas de paradigmes ou de solutions toutes faites aux maux qu’il observe, ni ne cherche à porter un jugement sans connaître le contexte.
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