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Rishi Sunak, «millenial» vaincu Il est un avatar pour une génération meurtrie

ABINGDON, ENGLAND - MARCH 30: Prime Minister Rishi Sunak is shown a 3-D printed model of an All Terrain Armoured Transport Walker from Star Wars, made by apprentices, during a visit to the UK Atomic Energy Authority, Culham Science Centre, on on March 30, 2023 in Abingdon, Oxfordshire, for a discussion on energy security and net zero. (Photo by Jacob King - WPA Pool/Getty Images)

ABINGDON, ENGLAND - MARCH 30: Prime Minister Rishi Sunak is shown a 3-D printed model of an All Terrain Armoured Transport Walker from Star Wars, made by apprentices, during a visit to the UK Atomic Energy Authority, Culham Science Centre, on on March 30, 2023 in Abingdon, Oxfordshire, for a discussion on energy security and net zero. (Photo by Jacob King - WPA Pool/Getty Images)


juillet 26, 2024   5 mins

Rishi Sunak est un ‘millennial‘ et la caractéristique saillante des millennials britanniques c’est la défaite. Peu de générations ont été aussi constamment malmenées par les événements ; en 2020, leur expérience au premier plan s’est terminé par une déroute totale : financière, politique, culturelle.

Leur timing a été désastreux. Chaque étape critique de leur vie a coïncidé avec une catastrophe. Les millennials britanniques venaient de sortir de l’université lors du crash de 2008, et ont été de nouveau frappés par le confinement au seuil de la quarantaine. N’ayant pas d’actifs, ils n’ont vu aucun bénéfice de l’inflation des prix des actifs de la décennie écoulée. Contrairement à leurs homologues américains, la Grande-Bretagne n’a pas connu de boom technologique pour enrichir au moins quelques-uns d’entre eux, ou pour servir de débouché à leurs talents. Ils n’ont pas non plus été, comme en Europe continentale, protégés pendant de longues années stériles par des choses comme le statut d’étudiant perpétuel. Les millennials britanniques ont plutôt dû se contenter du conformisme du programme de diplômés.

Contrairement à la génération Z, ils sont trop fiers pour mener une existence débraillée en marge, à travers le streaming, la cryptomonnaie, la monétisation des loisirs, ou le chômage pur et simple. Mais même le chemin de la respectabilité ne leur a guère profité. Le secteur privé britannique offre des perspectives d’évolution plus lentes qu’en Amérique, tout en étant notoirement pingre pour les salaires. Les millennials sont sous-payés, surtaxés et surfacturés pour tout.

‘Les millennials sont sous-payés, surtaxés et surfacturés pour tout.’

Politiquement, ils ont également échoué. Le corbynisme était la cause authentique des millennials britanniques ; il a seul fait au moins une tentative pour parler de leurs intérêts matériels — comme la dette étudiante. Tout a rapidement été englouti par le Brexit, un enjeu qui indifférait totalement les millennials. Ils ne peuvent pas non plus revendiquer un quelconque rôle de fer de lance culturel. Tout au long des années 2010, la Grande-Bretagne n’a pas eu de mouvement sur les campus digne de ce nom, aucune formation Antifa significative. Toutes les réformes sociales en Grande-Bretagne ont été menées par décret d’en haut, par Roy Jenkins dans les années soixante ou David Cameron en 2011.

D’autres générations ont eu leur lot d’épreuves. Mais avec une grande différence : pour les millennials, aucune de celles-ci n’a apporté la moindre amélioration. Ruinés, confinés, salaires grignotés. Pour les générations précédentes, la guerre et les catastrophes ont au moins offert des opportunités d’avancement, et tout en brûlant le bois mort de la société. La génération de Français qui a survécu aux guerres napoléoniennes pouvait se projeter sur la médiocrité confortable du XIXe siècle. Ce n’est pas le cas des millennials, à qui on n’a donné ni catharsis ni vie tranquille. Leur adversité n’était pas du genre à endurcir, seulement du genre à vous faire vous recroqueviller en boule défensive, peut-être pour ne jamais en ressortir.

Cela s’est avéré. Les millennials britanniques sont diligents, consciencieux, courtois presque à l’excès. Mais ils se sont essentiellement retirés de l’histoire. Dans la plupart des domaines, les millennials britanniques se sont simplement repliés sur les goûts et les présupposés de leurs parents — la génération Britpopper. Ils vénèrent sans fin des personnalités comme Ian Hislop. Ils ont même adopté les ennemis de leurs parents comme les leurs, comme Margaret Thatcher, quelqu’un qui a quitté ses fonctions avant que beaucoup d’entre eux ne naissent. Le respect générationnel se manifeste même dans la musique des millennials, dans l’étrange asservissement d’Ed Sheeran à Elton John.

En tant que Premier ministre, Rishi Sunak a suivi une voie similaire. Parmi les millennials, il était bien sûr atypique : un thatchérien qui ne partageait aucun de leurs soucis financiers. Mais Sunak — avec ses collègues Suella Braverman, Robert Jenrick et Claire Coutinho — constituait la première véritable expérience de gouvernance ‘millenial’ en Grande-Bretagne. Peu de choses en sont sortis. Contrairement à Blair et Brown, ou aux modernisateurs conservateurs, il n’y a jamais eu le sentiment d’une montée d’une jeune garde prête à défier les titulaires établis. Cela aurait nécessité la confiance insouciante de la jeunesse que les millennials britanniques avaient depuis longtemps perdue.

C’est l’histoire de Rishi Sunak et de son gouvernement, racontée d’un certain angle : une génération plus jeune qui respecte fidèlement un ensemble de préceptes hérités qui leur sont essentiellement étrangers. Sunak et ses collègues étaient les premiers vrais ‘natifs du numérique’ à occuper de hautes fonctions, mais ils ont été appelés à défendre une vision du monde essentiellement déphasée, ces Alastair Campbellismes, qui soutient que la Grande-Bretagne de 1997 doit être maintenu telle quelle est jusqu’au bout.

Sunak, pour sa part, était un homme du 21e siècle. Il avait accumulé une fortune dans le private equity et avait, dans la Silicon Valley, vu un monde au-delà de la Grande-Bretagne et de son ‘environnement de la diffusion‘. Mais en raison de leurs blocages générationnels, des personnes comme Sunak n’ont jamais trouvé le courage de dire aux gérontocrates britanniques de se mettre à la page : que le Royaume-Uni ne peut en fait maintenir des normes de vie du premier monde avec des ‘industries créatives de classe mondiale’, et que nous pourrions apprendre quelque chose des systèmes de santé de la France ou de Singapour. À tout le moins, les ‘millénials’ étaient prêts à se connecter à Internet et à se renseigner à ce sujet, une tâche qui s’est toujours révélée impossible pour la génération Britpopper.

Rishi Sunak était donc un de ses ‘mollasson’ : quelqu’un qui reconnaît ce que cette époque historique exige de lui, mais qui tergiverse et temporise sans fin. On lui a fait changer d’avis. Ses jeunes collègues lui ont été enlevés. Il s’est laissé ridiculiser pour avoir manifesté un intérêt précoce pour l’IA, quelque chose qui sera amené à transformer toutes nos vies. L’utilisation d’Internet était pour lui une seconde nature, mais il a suivi une législation absurde contre les trolls en ligne qui a failli amener WhatsApp à se retirer du marché britannique.

Mais la soumission n’a jamais été tout à fait totale. Après tout, les millennials britanniques n’ont pas partagé les expériences générationnelles qui ont donné naissance au New Labour et à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2012 ; pour eux, ces ‘mémoires collectives’ doivent être obéies, sans vraiment y croire. Lorsque Rishi Sunak, en tant que chancelier, a présenté une nouvelle pièce de monnaie ‘La Diversité a Construit le Royaume-Uni‘, il répétait les préceptes de ce qui est pour lui une doctrine publique.

À mesure que les millennials accèdent au pouvoir, il viendra un moment où cette fausse conscience disparaîtra pour de bon ; où l’on réalisera que ces préceptes hérités sont ce qui les maintiennent pauvres et diminués. Mettre fin à la vassalité de la dette envers les personnes âgées, à la sélection scolaire par la propriété et aux obligations fiduciaires envers les non-citoyens représenteraient chacun un énorme gain social et financier pour eux. Ils doivent simplement apprendre à dire non.

Cela semble encore loin. Avec la nouvelle administration, l’État britannique est revenu aux Britpoppers, et en force — Keir Starmer a 61 ans, Sue Gray 66 ans. Mais je me demande. Même maintenant, un millennial comme le travailliste Wes Streeting peut dire des choses étonnamment franches sur le NHS : dans la mesure où le service de santé a déjà été une religion nationale, ce n’est certainement pas le cas pour les personnes de l’âge de Streeting, qui ont effectivement entendu parler des alternatives.

Sans aucun doute, à un moment donné dans le futur, un technologiste de 34 ans de l’Institut Tony Blair se rebiffera contre un ‘Gourou de la Com’ vieillissant qui lui dira que sa dernière demande de passation de marché est irréalisable, illégale et viole le Principe de Nolan. En renversant ces préceptes, la plus grande faiblesse des millennials deviendra leur plus grande force : la désillusion générale.


Travis Aaroe is a freelance writer


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