Un extrait de 10 secondes de Star Wars : Le Retour du Jedi fait le tour des réseaux sociaux français. On y voit un Empereur Palpatine en état de décomposition arriver sur la Deuxième Étoile de la Mort ‘pleinement opérationnelle’, en ricanant : « Tout se déroule comme je l’avais prévu». Cette courte vidéo est censée illustrer les ravages que Macron a causés en France, dans ses institutions et sa politique — ainsi que son arrogance.
Après une campagne nationale accélérée de trois semaines, le premier tour des élections a vu les candidats du Rassemblement National recueillir 33 % des voix au total. L’alliance de gauche assemblée à la hâte, le Nouveau Front Populaire, a réussi à capturer 28 % des voix, et le parti Ensemble de Macron n’a obtenu que 21,5 %. Dans une élection britannique, cela semblerait annoncer une victoire facile. Ce n’est pas le cas dans le système français à deux tours, où les deux perdants pourraient décider de s’unir contre le leader pour le second tour des élections.
C’est ce qu’Emmanuel Macron a décidé que lui, le ‘grand virtuose’, pouvait accomplir. Il voulait assurer un affrontement clair à deux partis, circonscription par circonscription, entre le représentant diabolique du Rassemblement National d’un côté, et de l’autre, tous ces courageux membres du Front Républicain qui se dressent pour barrer la route au fascisme. Ainsi, anticipant ce mariage de convenance, il a exhorté quiconque arrivant dernier à se retirer.
C’est pourquoi, alors que les nouvelles des piètres performances de ses candidats arrivaient tout au long de la nuit du premier tour, le président continuait de sourire, convaincu qu’il pourrait couper les ailes du Rassemblement National et se présenter comme le ‘grand sauveur de la démocratie. « J’avais raison », aurait-il dit, selon Le Canard Enchaîné bien informé, à des collaborateurs sous le choc. « L’abcès devait être percé. Nous allons construire une très large coalition gouvernementale avec chaque parti de l’alliance du Nouveau Front Populaire, à l’exception de [le parti trotskiste de Jean-Luc Mélenchon] France Insoumise. » Quelques jours plus tard, il a amendé cela pour inclure France Insoumise, même si, trois semaines auparavant, il avait (avec justesse) décrit notre version de la secte Corbynite comme ‘antidémocratique, antiparlementaire, antisémite, anti-nucléaire et pro-russe’.
Ensuite, suivant le rythme urgent de l’élection, tous les noms des candidats se présentant au second tour devaient être enregistrés avant mardi soir. Lorsque la poussière est retombée hier, les 306 circonscriptions où une bataille ‘triangulaire’ aurait presque automatiquement favorisé le Rassemblement National étaient passées à 89. D’où l’extrait de l’Élysée avec Palpatine : Macron estime que son plan rusé a fonctionné.
C’est du Macron classique. Il aborde chaque problème en le disséquant froidement en composants abstraits. Lorsque le président Hollande l’a placé sur le devant de la scène en 2015 pour en faire le ministre de l’Économie (il n’est pas nécessaire d’être député en France pour être au gouvernement), il s’est plaint de la ‘désorganisation’ et de la ‘futilité’ de la politique, des ‘négociations inutiles sur des détails’ et du ‘gaspillage de temps’ que cela impliquait. Mandarin ultime, il traite son gouvernement comme des subordonnés et ses députés comme des employés. Peu impressionné par les sondeurs, il a fait ses propres calculs et croit pouvoir façonner n’importe quelle Assemblée Nationale qui sortira du vote de dimanche prochain en un corps de législateurs avec lesquels il pourra travailler. Après tout, raisonne-t-il, il n’avait déjà pas une majorité absolue dans la précédente Assemblée.
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