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People gather in front of Le Triomphe De La Republique statue during election night. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)
Contrairement à ceux qui lèvent les bras en signe de victoire et poussent de grands soupirs de soulagement, il est difficile de tirer des conclusions définitives sur les récentes élections législatives en France. L’extase ressentie par beaucoup en voyant le Rassemblement National (RN) loin de remporter une majorité avait peu à voir avec la réalité et beaucoup à voir avec des vœux pieux et un acharnement médiatique.
Après que l’alliance Nouveau Front Populaire (NFP) ait été rapidement constituée et ait accepté d’agir de façon tactique avec le bloc centriste Ensemble, il était clair que le RN ne remporterait pas une majorité à l’Assemblée nationale. Ce qui était toujours plus probable est ce qui s’est effectivement produit : aucun parti seul ou groupe de partis n’a réussi à remporter suffisamment de sièges pour former une majorité. En effet, la vraie surprise ici était le degré auquel la logique du cordon sanitaire anime encore la politique française. Malgré les différences significatives entre les centristes et le bloc de gauche, le désir de bloquer le RN était assez fort pour entraîner une coopération entre le premier et le deuxième tour de vote.
Étant donné son importance dans la détermination des résultats de ces élections, il vaut la peine d’explorer les mérites de cette tactique anti-RN. De manière évidente, cela semble élever les institutions républicaines au-dessus de la politique partisane, impliquant qu’une victoire du RN serait contraire à l’esprit de la république française et devrait être évitée à tout prix. La conséquence pratique de cela est de rassembler des partis politiques et des groupes dont les programmes divergent largement et dont les dirigeants se critiquent mutuellement au quotidien. La réalisation du front républicain se fait donc au détriment de fournir aux électeurs un choix clair entre des programmes politiques rivaux. De plus, cela ne fait que repousser dans la période post-électorale le problème fondamental de comment constituer un gouvernement capable de légiférer et de commander l’autorité de l’Assemblée nationale. Si la leçon de l’élection est que le RN ne peut pas gouverner avec une majorité, c’est aussi qu’aucune autre force politique ne le peut non plus.
Il y a une autre leçon à tirer de ces élections, qui est que nous avons maintenant ce que nous pourrions appeler les deux Frances. La formation, au cours des 30 dernières années, d’un solide électorat d’extrême droite est l’un des développements importants de la société française. La force du NFP, cependant, et en particulier le rôle prépondérant joué par La France Insoumise au sein du NFP, est la preuve de la formation d’un bloc électoral très différent à gauche. Celui-ci a ses propres codes et sa propre culture. Il est également générateur de son propre langage autour du changement progressiste. Ces électorats habitent le même pays mais sont mondes à part. De façon plus significative, aucun de ces deux électorats ne se rapproche d’une majorité gouvernementale.
Si le RN parvient à atteindre son objectif à long terme de l’Union des Droites, alors il pourrait alors aspirer à entrer au gouvernement — bien que la réaction du leader de centre-droit Eric Ciotti à s’aligner avec le RN suggère que cette union des droites est encore loin. À gauche, cependant, le chemin vers une majorité est plein d’obstacles apparemment insurmontables. Pour commencer, il y a de grandes divisions entre la LFI et toutes les autres forces politiques de gauche. En même temps, l’alliance de gauche devrait démanteler le bloc centriste et absorber des parties significatives de l’électorat de Macron. Pourtant, dans l’état actuel des choses, il y a des preuves que le bloc centriste estime que les choses devraient aller dans le sens opposé : que ce sont eux qui devraient diviser l’alliance de gauche en offrant de gouverner avec ses éléments plus modérés — les Verts, les socialistes et le mouvement de Raphael Gluckmann — laissant la LFI seule en tant que vestige de l’extrême gauche.
‘Il y a de grandes divisions entre la LFI et toutes les autres forces politiques de gauche.’[/su_pullquote]
Ravie du bon score obtenu par le NFP, Clémence Guetté, l’une des figures de proue de La France Insoumise, l’a résumé ainsi : « Ce soir, nous goûtons à la joie ; demain, nous gouvernons. » La vérité est plutôt différente. Précisément en choisissant de maintenir le RN hors du pouvoir grâce au vote tactique, les électeurs du NFP et d’Ensemble ont créé une situation où aucun parti ou coalition ne peut former un gouvernement. Pour le moment, nous savons que le Premier ministre Gabriel Attal a offert sa démission, que le président a rejetée pour l’instant. Nous savons également que la nouvelle Assemblée nationale siégera à partir du 18 juillet pendant deux semaines, période pendant laquelle elle pourrait voter une motion pour renverser le gouvernement.
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