À l’approche des élections européennes, le Kremlin a déversé d’énormes ressources pour tenter d’influencer les résultats en faveur des politiciens d’extrême droite et pro-russes. Toutes les tactiques habituelles ont été observées. Moscou ne se donne guère la peine de dissimuler ses traces : des histoires virales sur TikTok et Instagram ont diffusé des allégations sordides sur l’opposition, des hackers ont causé des perturbations, et en coulisses, des agents travaillent activement au sein d’ONG et de structures politiques à travers le continent.
À première vue, Vladimir Poutine semble avoir remporté une énorme victoire. Des partis d’extrême droite sympathisants, y compris des groupes ouvertement néo-fascistes en Slovaquie et en Bulgarie, ont remporté des sièges dans toute l’Europe centrale et orientale. Le Rassemblement National de Marine Le Pen s’est si bien comporté — obtenant 31,5 % des voix en France — qu’Emmanuel Macron a décidé de convoquer des élections nationales en réponse.
Les politiciens russes se réjouissent, déclarant avec confiance que les résultats parlementaires marquent un tournant dans une guerre plus large contre l’Occident. Sur X, un Dmitry Medvedev de plus en plus combatif a déclaré dans son anglais approximatif que les résultats ‘sont le reflet de votre politique inepte de soutien aux autorités bandera en p*tain d’Ukraine au détriment de vos propres citoyens, de votre politique économique et migratoire idiote !’ Un grand nombre de commentateurs des médias russes ont suivi son exemple, proclamant que les résultats électoraux entraîneraient un affaiblissement définitif du soutien à Kyiv et que ‘la culture et les traditions russes gagnent de plus en plus de reconnaissance en Occident’.
Ces principaux commentateurs assurent au public russe, aux prises avec les coûts économiques et humains de la guerre du pays contre l’Ukraine, qu’un objectif longtemps promis — inscrit dans la doctrine officielle depuis près de deux décennies — est sur le point d’être réalisé : la création d’un ‘monde multipolaire’ dirigé par Moscou et la reconstruction d’un empire perdu.
Dépeindre l’Europe comme l’antithèse des valeurs, du pouvoir et du succès russes a été essentiel pour vendre ce projet à la population russe. En effet, c’est la décision du président ukrainien pro-russe Viktor Yanukovych de rejeter un accord d’association avec l’UE en 2013 qui a conduit à la révolution de Maïdan à Kyiv. À son tour, Poutine a en grande partie décidé d’envahir quelques mois plus tard alors que l’Ukraine semblait rejeter la Russie au profit de l’Europe.
Ainsi, l’idée que l’Europe est sur le point de s’effondrer pour de bon n’évoque pas seulement l’effondrement de l’UE ; elle implique également la montée inexorable de la Russie, la recréation d’un empire avec Moscou en son cœur, et la réparation de deux années de souffrance amère en Ukraine.
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