La Grande-Bretagne a été secouée par une série d’attaques au couteau très
médiatisées ces dernières semaines, dont la plus marquante reste l’agression
de masse contre des enfants à Southport à la fin du mois dernier. Ces
incidents ont alimenté l’idée que le pays traverse une véritable « épidémie
de crimes au couteau », une affirmation qui a largement
circulé sur X, devenant rapidement virale. Mais qu’en est-il réellement ?
Que révèlent les données sur ce phénomène ?
Un post largement
partagé mentionne un « 4e coup de couteau en l’espace de deux
semaines », tandis qu’un autre
évoque « 8 coups de couteau signalés à travers le Royaume-Uni en 36
heures ». Un
autre encore affirme que les coups de couteau « sont désormais une
chose quotidienne ». Bien que ces déclarations puissent paraître
alarmantes, il est important de rappeler que la Grande-Bretagne est un grand
pays, où un certain nombre de coups de couteau chaque semaine est
malheureusement attendu. La véritable question est donc de savoir si le nombre
de coups de couteau recensés ces dernières semaines est réellement
exceptionnellement élevé ?
Les données officielles n’étant pas encore disponibles en raison du délai habituel dans le signalement des attaques, examinons l’une des affirmations les plus alarmantes : « 8 coups de couteau signalés à travers le Royaume-Uni en 36 heures ». Cela se traduit par une moyenne de 5,3 attaques en 24 heures, que nous arrondirons à six pour simplifier l’analyse. La question est de savoir si six coups de couteau en une seule journée est inhabituel.
Il existe
deux principales mesures pour évaluer le nombre de
coups de couteau en Grande-Bretagne : le nombre d’infractions impliquant un
couteau ou un instrument tranchant enregistré par la police, et le nombre
d’admissions à l’hôpital pour agression avec des objets tranchants. Chacune a ses avantages et ses inconvénients.
Un inconvénient
majeur des données sur les coups de couteau enregistrés par la police est
que toutes les victimes ne choisissent pas de signaler l’incident aux
autorités. De plus, ces chiffres ne différencient pas toujours les coups de
couteau réels des tentatives de coups de couteau. Pour l’année se terminant en
mars 2024, la police a enregistré 233 homicides impliquant un couteau ou un
instrument tranchant, 401 tentatives de meurtre, et 22 167 cas d’« agression
avec blessure » ou « agression avec intention de causer des blessures graves ».
Cependant, il n’est pas précisé combien de ces agressions ont effectivement
entraîné des blessures par arme blanche par rapport à celles où il n’y avait
que l’intention de causer des blessures. En additionnant les trois chiffres, on obtient 22 801, ce qui fournit une limite supérieure pour le nombre total de coups de couteau.
Un inconvénient
de la mesure des admissions à l’hôpital est qu’elle se réfère aux épisodes
de patients plutôt qu’aux patients eux-mêmes, ce qui signifie qu’un même
patient peut être admis à l’hôpital plusieurs fois pour la même blessure. Un
autre inconvénient est qu’elle exclut les patients qui se sont présentés aux
urgences mais n’ont pas été admis à l’hôpital par la suite. Au cours de l’année
se terminant en mars 2024, il y a eu 3 888 admissions à l’hôpital pour
agression avec des objets tranchants. Bien que ce chiffre puisse inclure des
doublons pour certains patients, il en exclut d’autres et reste nettement
inférieur au nombre de coups de couteau enregistrés par la police. Par
conséquent, le véritable nombre de coups de couteau est peu susceptible d’être
inférieur à 3 888.
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