Les conservateurs venaient de subir la pire défaite de leur histoire et un concours de leadership controversé divisait le parti. Un candidat, dans une tentative d’instaurer l’unité, a offert aux députés conservateurs un vote libre ; l’autre a insisté sur le fait que, s’il prenait la tête du parti, l’ensemble du Cabinet fantôme devrait suivre sa ligne.
L’année était 1997. Le candidat exigeant loyauté était William Hague, le trentenaire qui allait diriger les Tories. Et la question européenne qui divisait alors le plus ancien et le plus réussi des partis politiques britanniques, mais récemment battu, était la monnaie européenne unique.
Avançons de plus d’un quart de siècle : tout a changé mais, en un sens, rien n’a changé. Robert Jenrick, qui rivalise avec Kemi Badenoch pour diriger les conservateurs, a fait de la sortie de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) la politique phare de sa campagne de leadership. En écho à l’approche de Hague, il a déclaré que la victoire dans le concours lui donnerait un mandat pour ajouter la sortie de la CEDH à ‘l’éventail des politiques du Parti conservateur’.
La fermeté de Jenrick sur la CEDH lui a bien servi jusqu’à présent. Cela lui a donné une politique distincte non poursuivie durant les 14 dernières années de gouvernement dirigé par les conservateurs et l’a positionné comme le candidat le plus sérieux sur la question de l’immigration illégale, et par conséquent le plus déterminé à regagner le soutien de Reform UK. (Peu de Tories doutent que le chemin du retour au gouvernement nécessite cela, au minimum.) Cela a également créé une nette distinction entre lui et les autres candidats à la direction, aucun d’entre eux n’ayant égalé son engagement clair.
Mais certains conservateurs sont méfiants, en particulier ceux qui se souviennent des efforts du parti pour se sortir du nadir après 1997. À l’époque, le parti (également dans l’opposition) ne pouvait rien faire pour façonner la relation de la Grande-Bretagne avec l’Europe. L’accent et les fissures des Tories sur la question ne faisaient que les faire paraître divisés. Le candidat que Hague a battu, Ken Clarke, a même refusé de servir dans le Cabinet fantôme.
L’histoire pourrait-elle se répéter ? Lorsqu’on lui a demandé si son engagement à quitter la CEDH permettrait aux candidats à la direction battus qui ont mis en doute son plan, comme James Cleverly, de servir dans son Cabinet fantôme, Jenrick a répondu, ‘Je serais ravi qu’il serve’.
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