Il s’est écoulé près de deux ans depuis qu’Olaf Scholz a parlé pour la dernière fois avec Vladimir Poutine. Maintenant, le journal Zeit rapporte que le chancelier allemand envisage un appel téléphonique avec le président russe — un geste destiné à envoyer un message à son propre électorat autant qu’au Kremlin.
La réponse de Moscou est venue instantanément. Poutine a fait savoir à Scholz que ‘à première vue, il ne semble pas y avoir de terrain d’entente [pour une conversation]’ et que ‘nos relations ont pratiquement atteint le fond et pas à cause de notre initiative’. Mais le nyet assourdissant de Moscou n’a pas empêché Scholz de faire entendre son point de vue en Allemagne : il veut la paix.
Le changement d’image de Scholz, passant de leader de guerre à chancelier de la paix, est en pleine marche. Tout en soulignant que l’Allemagne continuera à soutenir l’Ukraine ‘aussi longtemps que nécessaire‘, la coalition de Scholz a récemment décidé de sévères réductions de son aide à Kyiv et son parti a mené sa campagne électorale européenne explicitement sur un message de paix.
Scholz espère sans aucun doute attirer à nouveau les électeurs vers son Parti social-démocrate (SPD) en difficulté, qui se trouve actuellement à la troisième place dans de nombreux sondages. Comme l’ont montré les récentes élections régionales dans trois des 16 États allemands, une proportion considérable de l’électorat s’oppose à un soutien supplémentaire à l’Ukraine. Dans les trois États, l’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a obtenu près d’un tiers des voix tandis que l’alliance populiste de gauche Sahra Wagenknecht (BSW) a obtenu plus de 10 % dans chacun malgré le fait d’être un tout nouveau parti. Les deux ont mené sur des programmes pro-russes.
L’argument selon lequel les relations d’avant-guerre entre l’Allemagne et la Russie devraient être rétablies est plus profondément ancré dans l’ancienne Allemagne de l’Est, où les récentes élections ont eu lieu, mais il est également répandu dans tout le pays où il est généralement déguisé en pacifisme.
Un récent sondage a indiqué que la grande majorité des Allemands souhaitent des négociations de paix et que c’est un enjeu décisif pour 52 % des électeurs à l’Est et 41 % à l’Ouest. Le sondage doit être pris avec des pincettes puisqu’il a été commandé par le magazine féministe Emma, qui a fermement plaidé contre les livraisons d’armes à l’Ukraine depuis l’invasion russe en 2022, mais il est indicatif du changement d’humeur du public que Scholz souhaite exploiter.
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