mars 10, 2025 - 10:00am

Le concours pour succéder à Justin Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada a produit le résultat attendu : l’ancien gouverneur de la banque centrale, Mark Carney, a remporté une victoire écrasante au premier tour avec 85,9 % des voix des électeurs du parti. Les bases libérales ont effectivement signalé un désir de repartir à zéro, rejetant l’ancienne ministre de Trudeau, Chrystia Freeland, au profit du novice politique Carney.

Âgé de 59 ans, il est sur le point de naviguer dans ce qui est probablement la période la plus tendue et volatile de la politique canadienne depuis 30 ans. Promettant d’abolir la taxe carbone sur les consommateurs de Trudeau et l’augmentation de la taxe sur les gains en capital, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre a promis de tracer une voie plus favorable aux entreprises pour le parti au pouvoir en difficulté.

Carney accédera au poste de premier ministre dans les jours suivants sans être encore un membre élu du Parlement. Cependant, il pourrait être en mesure de trouver un siège à la Chambre des communes bientôt en appelant à des élections anticipées. Le nouveau chef libéral voudra capitaliser sur un changement d’opinion majeur induit par Trump qui a ravivé la fortune de son parti (même Trudeau a reçu un grand coup de pouce en popularité).

Le Canada est, bien sûr, dans le collimateur de la guerre commerciale agressive et imprévisible de l’administration américaine ; et bien qu’un répit temporaire partiel des tarifs ait été accordé, les Canadiens s’attendent à ce que des manœuvres économiques à haut risque reprennent dans quelques jours. C’est dans ce contexte d’incertitude totale que Carney s’est présenté comme l’homme politique expérimenté capable de guider le pays à travers la dernière crise — comme il l’avait fait lors de l’effondrement financier de 2008. Cependant, il convient également de noter que cette partie de son bilan a été attaquée par l’ancien premier ministre conservateur, Stephen Harper, qui conteste les affirmations de succès du leader libéral. Un autre homme d’État, l’ancien chancelier britannique George Osborne, a défendu Carney, louant son temps à la Banque d’Angleterre.

Une autre grande force de Carney, son expérience étendue dans le secteur privé, a également été ciblée, des sources de droite le tenant responsable du déménagement du siège social du géant canadien de la gestion d’actifs Brookfield — dont il était le président — de Toronto à New York. Carney a jusqu’à présent résisté à ces accusations, mais des questions persistent autour de ses décisions d’entreprise et de sa richesse personnelle. Cela pourrait lui revenir en pleine campagne électorale générale alors que son principal rival, le leader conservateur Pierre Poilievre, pourrait utiliser cette ligne d’attaque contre un homme qu’il dépeindra sûrement comme une élite déconnectée. Poilievre a vu son avance confortable menacée par la montée de Carney et les deux sont maintenant à égalité.

En luttant à la fois contre Trump et Poilievre, Carney sera confronté à une série de défis non seulement pour son gouvernement naissant mais aussi pour la marque menacée de technocratie managériale qu’il incarne si parfaitement. Comme en 2015, au début de l’ère Trudeau, lorsque le Canada semblait se dresser contre la révolution populiste qui balayait le monde occidental, Carney pourrait voir un retour dramatique du libéralisme de centre-gauche. Ou, selon un certain nombre de variables, cela pourrait représenter le ministère le plus court de l’histoire canadienne. Tout pourrait arriver et, en accord avec les métaphores de hockey qu’il aime utiliser, c’est maintenant à Carney d’allumer la lumière.


Michael Cuenco is a writer on policy and politics. He is Associate Editor at American Affairs.
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