Une tendance inquiétante émerge à travers l’Europe de l’Ouest. Les conventions et règles essentielles au bon fonctionnement d’une démocratie sont de plus en plus contournées, un phénomène qui érode progressivement la confiance des citoyens dans leurs gouvernements.
Les Européens ont été récemment confrontés à cette tendance, lorsqu’un procureur français a requis une peine de prison et une interdiction d’activités politiques à l’encontre de Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN). Actuellement jugée aux côtés de 24 autres personnes pour détournement de fonds européens, Le Pen est largement perçue comme une candidate de poids pour l’élection présidentielle française de 2027. Toutefois, si elle est reconnue coupable, elle ne pourra pas se présenter.
Marine Le Pen est accusée d’avoir employé des assistants pour des postes au Parlement européen, alors qu’ils auraient en réalité exercé des fonctions politiques pour le RN. Le préjudice économique serait estimé à environ 3 millions d’euros, dont le parti a déjà restitué 1 million, tout en précisant que cela ne doit pas être interprété comme une reconnaissance d’actes répréhensibles.
Un traitement similaire est réservé aux partis et politiciens de droite à travers le continent. En Autriche, cela a conduit à la suspension d’une règle informelle de 80 ans, selon laquelle le parti arrivant en tête des élections est autorisé à former un gouvernement, après la victoire du Parti de la Liberté de droite le mois dernier. Parallèlement, en Allemagne, un débat a été relancé relancé sur l’interdiction de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) avant les élections fédérales de février. En d’autres termes : l’exclusion du deuxième parti le plus populaire du pays du processus politique.
Tout cela est de mauvais augure pour l’avenir de la démocratie en Europe. En effet, un système qui tente d’interdire plutôt que d’engager un véritable débat sur les préoccupations soulevées par les partis populistes en pleine ascension est voué à l’échec. Après tout, ce ne sont pas les personnalités charismatiques, comme Alice Weidel de l’AfD ou Marine Le Pen du RN, qui expliquent la popularité de leurs partis. Au contraire, ces derniers grimpent dans les sondages parce qu’ils ont osé aborder des sujets que les partis traditionnels ont évités pendant des décennies : la migration, le déclin culturel et la stagnation économique.
En Allemagne et en France, nous assistons à des tentatives parallèles de maintenir les challengers les plus populaires hors du jeu, mais il existe un risque important que ces manœuvres se retournent contre leurs auteurs. Le politicien de l’Union chrétienne-démocrate allemande (CDU), Marco Wanderwitz veut soumettre une loi interdisant l’AfD avant Noël, espérant qu’elle puisse être adoptée avant les élections fédérales, prévues pour début 2025.
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