mars 17, 2025 - 7:00am

Étant donné son animosité de longue date envers les troupes de l’OTAN se rapprochant de ses frontières, le président russe Vladimir Poutine ne sera probablement pas ravi de la dernière idée d’Emmanuel Macron. En discutant de la « coalition des volontaires » prête à déployer des troupes de maintien de la paix sur le territoire ukrainien, le président français a expliqué ce week-end que « l’Ukraine est souveraine. Si elle demande des forces alliées sur son territoire, ce n’est pas à la Russie d’accepter ou non. »

Macron a tout à fait raison : en tant que nation indépendante, l’Ukraine peut inviter qui elle souhaite sur son sol. Avant l’invasion à grande échelle, Kyiv a accueilli des troupes de pays membres de l’OTAN dans le cadre de l’opération Unifier et de l’opération Orbital pour des missions d’entraînement. Plus récemment, des forces spéciales de divers pays occidentaux ont opéré en Ukraine, le Kremlin étant pleinement au courant. L’idée du leader français n’est pas seulement possible, mais a un précédent.

Cependant, cela ne veut pas dire que c’est pragmatique. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a à plusieurs reprises rejeté la perspective de casques bleus des pays de l’OTAN en Ukraine, expliquant que leur présence serait « inacceptable » pour Moscou — même « sous un drapeau étranger, le drapeau de l’Union européenne ou le drapeau national ». Déjà traînant les pieds en direction de la table des négociations, Poutine sera encore plus réticent à mettre fin à l’effort de guerre de la Russie s’il sait que cela attirera des soldats occidentaux. Un ancien responsable du Kremlin a déclaré au Financial Times la semaine dernière que le président russe considérerait ces déploiements comme une « quasi-adhésion à l’OTAN » de Kyiv, une perspective si inacceptable qu’il « préférerait continuer à se battre ».

Ayant clairement exprimé de telles opinions, le Kremlin réagirait probablement avec force si elles étaient ignorées. Des casques bleus occidentaux se rendant en Ukraine sans l’approbation de Moscou entraîneraient un risque sérieux d’escalade. Bien que toutes ces missions comportent un certain degré de danger, ces troupes seraient particulièrement vulnérables. Une frappe « accidentelle » sur des casques bleus, des troupes manquantes ou quelques soldats capturés exhibés en ligne par les forces locales de Moscou causeraient des maux de tête diplomatiques et internes pour les dirigeants européens déchirés entre le fait de montrer à leurs électorats inquiets qu’ils s’opposent au Kremlin et de faire face aux conséquences de s’engager dans une bataille avec Moscou.

Au cœur de tout cela se trouve la question de la fiabilité de l’Amérique. La Maison Blanche ne s’est toujours pas engagée à fournir un filet de sécurité et, même si Donald Trump promettait de régler le désordre européen en cas de problème, Poutine sait qu’il s’agit d’un président américain qui s’éloigne des alliés de l’OTAN et désireux que toute mission de maintien de la paix soit entièrement européenne. Du point de vue de Poutine, la revanche pour avoir ignoré ses opinions, le ressentiment à long terme envers l’assistance occidentale à l’Ukraine et le désir d’exacerber les tensions entre l’Amérique et l’Europe sont autant de motivations puissantes pour tester les eaux.

Alors, quelle est l’alternative ? L’ancien responsable du Kremlin interrogé par le FT a indiqué que Poutine accepterait que l’Ukraine conclue des accords de sécurité bilatéraux avec des pays occidentaux. Kyiv exprimerait probablement des inquiétudes quant à ce que cela soit l’étendue de sa protection, se souvenant de l’efficacité de tels accords lorsqu’elle a renoncé à son arsenal nucléaire en échange de garanties des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie. De plus, 29 des 32 membres de l’OTAN ont déjà signé des accords de sécurité bilatéraux avec l’Ukraine, le G7 ayant établi un cadre.

Cependant, des dispositions vagues pour consulter l’Ukraine dans les 24 heures suivant toute future agression russe pourraient être renforcées pour promettre des déploiements de troupes. Bien que la direction ukrainienne puisse présenter cela comme un soutien à portée de main, le Kremlin pourrait le présenter comme des forces occidentales étant à des kilomètres de l’action.

Macron a une longue histoire d’élaborer des idées, dont certaines s’avèrent réellement utiles. Cependant, dans ce cas, la menace de placer des casques bleus occidentaux sur le sol ukrainien malgré le refus du Kremlin risque d’enflammer les tensions plutôt que de les apaiser. La suggestion du leader français est une posture, pas une politique.


Bethany Elliott is a writer specialising in Russia and Eastern Europe.

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