Ta-Nehisi Coates a développé sa réputation de chouchou progressiste à travers ses essais verbeux dans The Atlantic, remplis de sa prose sucrée caractéristique centrée sur la race en Amérique. Ces essais se sont révélés extrêmement influents dans le discours autour de Black Lives Matter et du Projet 1619, lui valant une nomination plutôt maladroite en tant qu’héritier de James Baldwin par Toni Morrison. Au cours de l’année écoulée, après une période d’exil auto-imposé à écrire des bandes dessinées et un roman, il a trouvé sa nouvelle ‘obsession’ : la Palestine.
‘Je ne pense pas avoir jamais, dans ma vie, ressenti l’éclat du racisme brûler plus étrangement et intensément qu’en Israël,’ a révélé Coates à New York magazine lors d’un portrait de lui pour son prochain livre, The Message. Dans celui-ci, il a relaté son expérience de voyage en Cisjordanie occupée l’année dernière en tant qu’écrivain américain typiquement ignorant mais curieux, pour être horrifié par le fait que les Arabes palestiniens sous la domination d’Israël en Cisjordanie sont traités comme des ‘non-personnes’ sans droits. Immédiatement, ces scènes lui ont rappelé des images du Sud Jim Crow, avec des soldats de l’IDF imposants faisant écho aux shérifs racistes belliqueux de Géorgie.
Les origines de l’engagement de Coates pour la Palestine résident dans son essai infâme ‘The Case for Reparations‘, dans lequel il a utilisé les réparations que l’Allemagne a accordées à Israël après l’Holocauste comme un précédent positif pour un éventuel programme de réparations pour les Noirs américains. Il se souvient comment il a été mis au défi par un activiste lors d’une discussion publique pour avoir utilisé cet exemple, car cela effaçait la tragédie des Palestiniens dont la dépossession et l’expulsion partielle pendant la guerre de 1948 ont nécessairement facilité la création d’Israël.
Coates est ouvert sur le fait que son affinité nouvelle avec les Palestiniens découle d’une ‘chaleur de solidarité des ‘peuples conquis” qui est connectée ‘à travers le gouffre des océans et des expériences’. L’ironie est qu’avant les années soixante-dix, des écrivains, activistes et intellectuels noirs américains tels que W.E.B. Du Bois, Bayard Rustin et Paul Robeson auraient dit la même chose, mais à propos de la cause sioniste. De nombreux nationalistes noirs, d’Edward Wilmot Blyden à Marcus Garvey, ont fait des analogies entre le projet sioniste de ‘retourner’ les Juifs à Sion et leurs propres schémas de ‘retour en Afrique’.
Eux aussi ressentaient une affinité profonde et authentique avec la cause sioniste, issue d’une chaleureuse solidarité entre peuples conquis. Depuis lors, les gauchistes occidentaux et les radicaux noirs ont eu une conscience coupable de ne pas avoir initialement ‘vu’ la lutte palestinienne. C’est cette culpabilité qui alimente Coates, qui alimente également la présomption satisfaite que les iniquités d’Israël dans les territoires occupés sont ‘cachées’ et qu’il est celui qui éclairera le public américain ignorant sur l’apartheid que leurs impôts sponsorisent.
Bien que Coates insiste à plusieurs reprises sur le fait que les dimensions morales du conflit israélo-palestinien sont plutôt simples, contrairement à l’invocation fréquente de sa ‘complexité’, il n’est pas assez vulgaire pour passer sous silence la tragédie juive qui aide à donner à Israël sa légitimité morale, comme le démontre sa visite à Yad Vashem. Sa principale préoccupation, néanmoins, est de savoir comment les Juifs sont devenus les conquérants, ou comme il l’a dit, comment ‘le peuple juif a pris sa place parmi Les Forts’. En d’autres termes, à travers Israël, les Juifs ne font plus partie de la fraternité des subalternes mais sont assimilés au pouvoir blanc occidental.
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