Un grand nombre de preuves suggère que les universitaires dans le monde anglophone sont plus susceptibles de faire face à des sanctions professionnelles pour avoir offensé les sensibilités de gauche que pour avoir offensé celles de droite. Pourtant, il se peut que l’inverse soit vrai en ce qui concerne la question d’Israël-Palestine. Depuis le début de la guerre actuelle entre Israël et le Hamas, de nombreux universitaires ont été sanctionnés pour avoir exprimé ce qu’ils considèrent comme des opinions pro-Palestine légitimes. Avons-nous entamé une nouvelle ère de la culture de l’annulation ?
Des recherches menées par Eric Kaufmann et Pippa Norris indiquent que les victimes de la culture de l’annulation académique sont de manière disproportionnée à droite du côté politique. Les universitaires ayant des opinions de droite rapportent des niveaux d’autocensure beaucoup plus élevés et sont plus susceptibles de dire qu’ils ont été victimes de harcèlement ou de mesures disciplinaires. Pendant ce temps, une fraction non négligeable des universitaires de gauche admettent ouvertement qu’ils soutiendraient le renvoi d’un collègue ayant mené des recherches controversées sur la diversité, l’impérialisme, la parentalité traditionnelle ou les différences de performance entre groupes.
Un domaine dans lequel il y a eu des cas notables de censure contre la gauche est Israël-Palestine. En 2007, le chercheur pro-Palestine Norman Finkelstein s’est vu refuser sa titularisation à l’Université DePaul après une campagne de lobbying de l’universitaire pro-Israël Alan Dershowitz. En 2014, un autre chercheur pro-Palestine, Steven Salaita, s’est aussi vu refuser sa titularisation à l’Université de l’Illinois suite à des pressions de riches donateurs. Au cours de l’année dernière, de nombreux autres ont fait face à des sanctions en lien avec l’activisme pro-Palestine sur les campus.
Pour voir si ces cas récents font partie d’une tendance plus large, j’ai analysé la base de données Scholars Under Fire. Il s’agit d’un ensemble de données comprenant 1 350 « incidents de ciblage » dans des collèges américains depuis 2000. Chaque incident implique une tentative de sanctionner professionnellement un universitaire pour un discours protégé par la constitution. L’ensemble de données a été compilé par des chercheurs de la Fondation pour les droits et l’expression individuels (FIRE).
Une caractéristique utile de l’ensemble de données est qu’il précise pour chaque incident si la tentative de sanction venait « de la gauche » ou « de la droite » de l’individu concerné. Le graphique ci-dessous représente le nombre total d’incidents dans chaque catégorie au fil du temps. (J’ai exclu les incidents où il était peu clair ou non pertinent de savoir de quelle direction venait la tentative.)
Les deux lignes commencent à augmenter au milieu des années 2010 avant d’atteindre un pic au début des années 2020, puis de chuter par la suite, la ligne rouge atteignant son pic un an plus tôt que la ligne bleue. Ce qui est intéressant, cependant, c’est que depuis deux ans, la ligne bleue est nettement plus élevée. Depuis le début de 2023, il y a eu 67 incidents supplémentaires impliquant des efforts de sanction « de la droite ». Cela représente une rupture substantielle avec le schéma précédent d’un nombre à peu près égal d’incidents dans les deux catégories — ou, dans le cas de 2020, beaucoup plus d’incidents impliquant des efforts de sanction « de la gauche ».
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