Cependant, tout comme avec la Covid, les médias grand public et les autorités sanitaires deviennent rapidement des propagateurs de désinformation eux-mêmes, motivés par la politique de la peur, l’illusion du contrôle et les biais inhérents à l’industrie de la réponse aux pandémies.

Prenons une citation de la célèbre journaliste scientifique Amy Maxman aujourd’hui dans Scientific American : « Pour devenir une pandémie, le virus de la grippe aviaire H5N1 aurait besoin de se propager de personne à personne. La meilleure façon de surveiller cette possibilité est de tester les gens. »

Plus tôt ce mois-ci, Deborah Birx, ancienne coordinatrice de la réponse à la Covid sous le gouvernement Trump, a plaidé en faveur de tests de masse hebdomadaires pour ‘chaque vache’ et ‘chaque travailleur laitier’ aux États-Unis. Elle a affirmé que l’Amérique répétait les erreurs de l’ère Covid en n’intensifiant pas les tests pour suivre les cas asymptomatiques et non détectés.

Une telle proposition politique, de la part de l’ancienne coordinatrice de la réponse à la Covid en Amérique et d’une vétérane du corps diplomatique de la santé mondiale à Washington, est préoccupante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, lors du dernier décompte, il y avait 87 millions de têtes de bétail et de veaux aux États-Unis. Environ neuf millions sont des vaches laitières, réparties en différentes tailles de troupeaux sur environ 25 000 fermes et avec plus de 100 000 travailleurs laitiers.

Birx, et d’autres, semblent réincarner la stratégie américaine de 2020 de ‘chasser la propagation silencieuse’, où la Covid asymptomatique était utilisée pour justifier des tests de masse coûteux, des échantillonnages environnementaux (eaux usées) comme une procuration à l’infection humaine, et l’utilisation erronée de la recherche de contacts de masse.

Un autre problème avec le récit de la grippe aviaire — hérité de la crise Covid — est la mauvaise représentation de ce que nous savons sur le risque. Les médias aiment répéter le ‘fait’ qu’il y a eu plus de 900 cas humains signalés de H5N1 depuis 1997, avec un taux de mortalité de 50 %. Pourtant, ce n’est absolument pas le véritable nombre d’infections. Même dans ces données très sélectives, la plupart des cas ont été signalés avant 2015. Étant donnée la grande ampleur de la propagation actuelle et de la mortalité chez les oiseaux sauvages et domestiques et les mammifères depuis 2021, y compris l’abattage d’un demi-milliard de volailles d’élevage pour tenter de contrôler le H5N1, l’absence de décès humains signalés est une bonne chose.

Le cycle d’articles médiatiques de cette semaine est dû au fait que le H5N1 a été trouvé dans près de 100 fermes réparties dans 12 États américains, ainsi que chez des chats et des souris. Les (jusqu’à présent) trois cas humains avaient une conjonctivite, une toux et d’autres symptômes grippaux et se sont rétablis. Des rapports anecdotiques d’ouvriers laitiers suggèrent une circulation beaucoup plus large de symptômes grippaux bénins. Deux cas bénins ont récemment été signalés chez des enfants en Australie (H5N1) et en Inde (H9N2).

En bref, les cas de débordement sont beaucoup plus répandus que ne le suggèrent nos tests et ne se limitent certainement pas à l’industrie laitière américaine. Pourtant, le récit de la peur continue. Juste la semaine dernière, les médias internationaux se sont emparés d’actualités de l’Organisation mondiale de la santé sur ce qu’ils ont appelé ‘le premier décès’ dû à la grippe aviaire H5N2 au Mexique. Deux jours plus tard, le ministre mexicain de la Santé a répliqué en affirmant que la déclaration de l’OMS était ‘inexacte… et assez mauvaise’ puisque l’homme de 59 ans était en fait décédé de causes non liées. Il souffrait du H5N2, mais n’est pas décédé du H5N2.

Mettant de côté le fait que le programme de tests de masse promu par Birx et d’autres est complètement irréaliste (et indésirable), qu’accomplirait-il le plus probablement ? Que se passerait-il lorsque plus de H5N1 sera inévitablement trouvé et que certaines chaînes de transmission interhumaine s’étendront au-delà de l’industrie laitière et dans la communauté plus large ?

Comme nous l’avons appris pendant la période 2020-22, les tests de masse ne sont pas neutres. Nous risquons maintenant de revenir à la logique défectueuse et à la réaction excessive préjudiciable de l’ère de la Covid. Nous devons laisser cela derrière nous — et nous assurer que toute poursuite malheureuse de la propagation asymptomatique des virus respiratoires, Covid ou grippe aviaire, disparaisse avec elle.