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Les problèmes de la supermajorité travailliste commenceront au sommet

Parliamentary supremacy does not tell the full story. Credit: Getty

juin 27, 2024 - 7:00am

La performance moyenne de Keir Starmer lors du débat d’hier soir contre Rishi Sunak n’a guère suffi à calmer les discussions sur l’arrivée imminente d’une ‘supermajorité’ travailliste. Selon certaines prévisions, le Parti travailliste parlementaire (PLP) aura tellement de sièges qu’il va déborder des bancs du gouvernement.

Peu importe comment ils choisissent de s’organiser, l’agencement semblera étrange et contre nature. Le palais de Westminster lui-même semblera se révolter contre cela. Pour certains, cela sera approprié. Comme on nous le dit souvent, le Royaume-Uni est un pays d’évolution, pas de révolution, et possède une culture politique profondément adversaire. Les majorités parlementaires de cette taille sont donc aberrantes, non britanniques et — selon le dernier manifeste de campagne des conservateurs — constitutionnellement suspectes.

Assurément, l’équilibre naturel finira par se rétablir. Une majorité écrasante sera difficile à contrôler pour Starmer. Sans la discipline qu’instaure une opposition, l’ennui et la folie s’installeront, les haines factionnelles réapparaîtront, et nous reviendrons bientôt à l’ancien jeu politique de bascule. N’est-ce pas ?

N’en soyez pas si sûrs. Avec une telle prépondérance de Starmer à la Chambre des communes, il pourra probablement défier, sinon la gravité politique, du moins la gravité parlementaire.

Tout d’abord, le processus de sélection des candidats a produit une série de vrais Starmerites. La tendance vers le héros local au Parlement prendra brusquement fin : le nouveau membre typique du PLP sera jeune, ambitieux, un ancien des clubs travaillistes de l’université d’Oxford ou de Cambridge. Avec de fortes majorités locales et leur carrière devant eux, peu auront des raisons de faire des histoires.

C’est vraiment sans précédent. Même la cohorte de 1997 de supposés hommes de paille comprenait John McDonnell aux côtés de Gisela Stuart, la future présidente de Vote Leave. Cette classe de 2024 sera suffisamment nombreuse pour submerger ce qu’il reste de la gauche corbyniste, ainsi que la gauche molle du parti. En conséquence, le premier grand test — Gaza — ne sera pas du tout un test, et la direction sera libre de prendre la position qu’elle souhaite.

Le cercle intérieur du leader se révélera moins docile. Il s’agit d’un monde clos dans lequel le succès, même le succès électoral, compte rarement. En 2006, Tony Blair a remporté une élection malgré une guerre étrangère très impopulaire, et l’économie se portait bien. Cela ne l’a pas préservé d’une série interminable de frondes brownites lancées uniquement pour imposer les termes d’un accord personnel conclu entre les deux dans un restaurant d’Islington 12 ans auparavant.

Les ennuis pour Starmer commenceront probablement ici, dans les plus hautes sphères. En effet, la plupart des controverses du Parti travailliste au cours des quatre dernières années se sont déroulées dans ces conseils, des bruits étranges venant des coulisses.

Il est frappant de constater à quel point elles ont été effrontées, même au cours de ces années de succès. Peter Mandelson a critiqué les projets visant à renforcer les protections des travailleurs, et a rejeté les idées constitutionnelles de Gordon Brown et Sue Gray comme des chevaux de bataille ‘mal ficelés’. Brown, pour sa part, a qualifié la refonte prévue de l’exécutif comme étant ‘maoïste’.

Starmer a limogé Angela Rayner de son poste de présidente du parti en 2021. Elle est peu susceptible d’avoir oublié l’affront. De son côté, Gray s’est dressée contre l’élégant ‘club des garçons’ en politique. Ce n’est pas encore tout à fait un fait établi, mais c’est une posture rhétorique — implicitement dirigée contre des personnes comme Mandelson.

Tout cela découle en partie de l’approche de Starmer en matière de politique. Comme beaucoup, le leader travailliste croit que la véritable nation politique se trouve non pas tant au Parlement, mais plutôt chez les anciens hommes d’État, les fonctionnaires et les organismes publics, qui semblent tous s’élever au-dessus des factions. Pas étonnant, donc, qu’il ait maintenu les anciens grands dignitaires si près de lui, et prévoit de donner à l’Office for Budget Responsibility un droit de veto virtuel sur la politique budgétaire.

Il n’y a pas de format de cabinet ou de système de fouets pour discipliner ces personnes, donc cette approche se prête à une certaine forme de seigneurie de guerre tournant autour de querelles personnelles et de disputes sur le territoire. Une supermajorité travailliste se révélera remarquablement durable, mais le centre politique de gravité se sera depuis longtemps déplacé ailleurs.

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