Peu de choses en politique sont certaines. Pourtant, pour les dirigeants populistes, faire face à des accusations criminelles semble être une de ces certitudes. Lundi, Marine Le Pen est devenue la dernière d’une longue liste de dirigeants de droite à comparaître devant le tribunal, et malgré la popularité croissante de son parti, le Rassemblement National, un verdict de culpabilité pourrait anéantir ses espoirs de remporter la présidence française en 2027.
Le Pen est accusée d’avoir orchestré l’utilisation abusive de fonds de l’UE par le groupe du Rassemblement National au Parlement européen à des fins politiques de parti entre 2004 et 2016. D’autres défendeurs incluent son père, l’ancien leader du parti Jean-Marie Le Pen ; ceux qui sont condamnés pourraient faire face à des amendes lourdes et jusqu’à 10 ans de prison. En arrivant au tribunal, Le Pen a promis des ‘arguments extrêmement sérieux et extrêmement solides’ pour prouver que ‘nous n’avons violé aucune règle politique ou réglementaire du Parlement européen’.
La possibilité que Le Pen soit interdite de se présenter à des fonctions publiques pendant cinq ans fait écho à la menace juridique à laquelle d’autres figures populistes ont été confrontées ces derniers mois. Aux États-Unis, Donald Trump a été la cible d’une guerre juridique significative ; le vice-premier ministre italien Matteo Salvini risque une interdiction de fonction publique pour avoir bloqué un bateau de migrants ; le gouvernement centriste de Donald Tusk en Pologne a tenté de poursuivre divers membres de l’ancien régime de droite; et le leader de l’AfD allemand, Björn Höcke, a été condamné pour son utilisation de slogans nazis.
Comme dans d’autres drames juridiques mettant en scène des dirigeants populistes, cependant, l’affaire contre Le Pen semble difficile à prouver. Elle tourne autour d’un travail prétendument politique effectué par des assistants parlementaires de l’UE dont le travail est, a soutenu Le Pen dans sa défense, ‘politique par définition‘. Pourtant, le parti pro-UE Mouvement Démocrate (MoDem) a été reconnu coupable d’infractions similaires plus tôt cette année ; selon l’avocat qui représentait le MoDem, il est ‘difficile de tracer une ligne entre le travail effectué pour le député européen et le travail effectué pour le parti’. De plus, l’avocat a décrit comment ‘comparé à l’affaire impliquant le MoDem, qui est très pro-européen, l’atmosphère de celle du RN sera différente puisqu’ils sont eurosceptiques.’
Sans surprise, l’affaire MoDem n’a pas généré la même publicité ou spéculation médiatique que le procès de Le Pen. Pourtant, lors de procès précédents de populistes — notamment celui de l’ancien premier ministre tchèque et leader de l’opposition Andrej Babiš, qui a été acquitté de fraude de l’UE plus tôt cette année et qui est maintenant en tête des sondages — une présomption apparente de culpabilité parmi les médias traditionnels a gravement échoué après un verdict de ‘non coupable’. Le Pen elle-même est peu susceptible de connaître une chute sérieuse de sa popularité à la suite du procès. Avec l’histoire de ‘persécution‘ déjà racontée par le Rassemblement National, un message populiste si puissant, il est compréhensible que Le Pen prévoit ‘d’être au tribunal le plus de jours possible’.
Pour des politiciens comme Le Pen, Babiš, Trump ou Salvini, être sur le banc des accusés renforce une image anti-establishment. Tout cela changerait, cependant, si Le Pen était reconnue coupable et interdite de fonction publique. Un tel tremblement de terre politique secouerait l’ensemble de l’UE. Les deux mois à venir seront donc un test vital de la capacité d’un establishment progressiste à juger équitablement les politiciens populistes.
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