Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir. Pire encore, lorsque cela devient évident que vous ne pouvez pas les tenir, ne persistez pas dans cette voie car personne ne vous croira.
Quelqu’un aurait dû donner ce conseil à la chancelière Rachel Reeves pendant la campagne électorale de l’année dernière, lorsqu’elle a promis de réparer les services publics, de restaurer la croissance économique et d’équilibrer les comptes. Cela, de manière impressionnante, tout en ne relevant pas les impôts sur le revenu, l’assurance nationale [NdT : sécurité sociale] ou la taxe sur la valeur ajoutée, écartant ainsi la majeure partie des sources de revenus du pays. Quiconque faisait les calculs pouvait dire que c’était, pour le moins, optimiste. Il était raisonnable de supposer qu’elle devrait abandonner au moins l’une de ces promesses après l’élection, le candidat le plus probable étant l’engagement de ne pas augmenter les impôts.
Mais elle est restée ferme. Ainsi, pour atteindre les objectifs de financement de ses autres ambitions, elle a présenté un budget qui s’appuyait fortement sur les impôts des entreprises, avec un impact prévisible sur l’investissement. Les entreprises rapportent maintenant qu’elles prévoient de compenser leurs dépenses supplémentaires en réduisant les effectifs, en diminuant les salaires et en augmentant les prix. Les deux premières mesures ralentiront l’économie, la troisième fera grimper l’inflation, nous donnant peut-être la redoutable combinaison de la stagflation.
Le contexte international complique encore sa tâche. Avec le monde inondé de dettes depuis la pandémie, les investisseurs exigent un rendement plus élevé pour l’argent qu’ils prêtent aux gouvernements, ce qui fait grimper les taux d’intérêt sur les instruments à long terme. Le principal moteur de cette tendance est les États-Unis, dont l’énorme déficit ne montre aucun signe de ralentissement. Alors que les investisseurs font baisser les prix des obligations américaines, ce qui augmente leur rendement — en effet, leur taux d’intérêt — l’effet se propage à l’échelle mondiale. Puisque le dollar est la monnaie de réserve mondiale, tout le monde est prêt à parquer son argent dans les titres du Trésor américain, ce qui signifie que l’argent afflue aux États-Unis depuis le monde entier, quittant ainsi d’autres pays.
La Grande-Bretagne n’est qu’une des nombreuses victimes de cette fuite américaine. Mais contrairement à d’autres pays, dont les taux d’intérêt sont tirés vers le haut par les obligations américaines, la Grande-Bretagne s’éloigne maintenant du peloton. Les gilts [NdT : titres de créances] britanniques offrent, de loin, le taux d’intérêt le plus élevé de tous les pays du G7, et l’écart s’est élargi. En partie, cela est dû à un taux d’inflation persistante plus élevé au Royaume-Uni. Cependant, il y a des signes que les investisseurs perdent confiance dans la stratégie fiscale du gouvernement, et exigent donc une prime sur l’argent qu’ils lui prêtent.
Bien que l’augmentation des taux d’intérêt ne soit pas aussi rapide que celle observée lors de l’épisode Liz Truss, lorsque les gilts ont bondi de plus d’un pour cent en quelques semaines, l’ampleur est pire, avec des taux d’intérêt maintenant à des niveaux jamais vus depuis la crise financière de 2008. Le danger pour Reeves est qu’elle pourrait maintenant s’être piégée dans une spirale descendante auto-renforçante. À mesure que les taux d’intérêt augmentent, les paiements de la dette publique augmentent. Cela réduit l’argent disponible pour d’autres programmes. Si le gouvernement ne veut pas augmenter les impôts, il doit donc réduire les dépenses. Cela, à son tour, risque de ralentir l’économie, et avec cela, les recettes fiscales. Si les recettes fiscales diminuent, les dépenses doivent également diminuer. Et le cycle pourrait continuer.
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