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Le conflit de Gaza menace de déstabiliser les Jeux olympiques

Spectators show Palestinian flag prior to match between Mali and Israel during the Paris Olympic Games. Credit: Getty

juillet 25, 2024 - 4:15pm

Comme à chaque Jeux olympiques, la préparation des Jeux de Paris 2024 a été entachée de controverses. Les critiques ont remis en question ses références écologiques, ont souligné le déplacement à grande échelle de personnes sans-abri de la ville, et se sont plaints de l’immense perturbation de la vie quotidienne imposée par le régime de sécurité. Tous ces éléments, semble-t-il, seront éclipsés par la question de la participation d’Israël aux Jeux.

Pour l’instant, le statut juridique précis de la pulvérisation de Gaza par Israël n’a pas encore été réglé, mais les partisans de la cause palestinienne font valoir que si la Russie et la Biélorussie peuvent être exclues pour avoir enfreint le droit international, il en va de même pour Israël. Cette semaine, le Comité olympique palestinien (COP) a appelé à l’exclusion d’Israël au motif qu’il enfreignait la Trêve olympique, et des groupes pro-palestiniens en France ont manifesté et promis des protestations lors des événements.

Sans surprise, les autorités de sécurité françaises ont jugé le match d’Israël contre le Mali dans le tournoi de football masculin comme étant ‘à haut risque’ et ont déployé 1 000 soldats autour du Parc des Princes pour l’occasion. En vérité, ils auraient peut-être été plus utilement employés lors du match Maroc/Argentine à Saint-Étienne où des supporters marocains ont envahi le terrain et ont lancé des objets sur les joueurs argentins après qu’ils aient marqué un but égalisateur contesté et finalement annulé à la dernière minute. En revanche, la foule au Parc des Princes était moins volatile, mais plus politiquement acharnée.

L’hymne national israélien a été couvert par les huées, des drapeaux palestiniens ont été déployés dans tout le stade, et certains manifestants sont venus équipés de grosses pastèques, qui, en raison de leurs couleurs rouge/verte/noire, servent de symbole. Au début du match, 13 manifestants masqués se sont alignés au premier rang d’une des tribunes en t-shirts blancs portant l’inscription « FREE PALESTINE ».

Il y aura, sans aucun doute, plus de cela à venir, mais les organisateurs français et le Comité international olympique (CIO) ne censureront pas Israël de sitôt. En effet, le président du CIO, Thomas Bach, est allé jusqu’à suggérer que la participation olympique est une sorte de baume pour le conflit. Il a déclaré : « Nous avons deux comités olympiques nationaux (CON). Les deux ont vécu en coexistence pacifique. Les Jeux olympiques sont une compétition non pas entre pays mais entre athlètes. » Bach, cependant, vit dans une réalité qu’il a créée. Dans celle que les Palestiniens occupent, il n’y a pas de coexistence pacifique par le sport. Le sport est même juste un autre domaine de conflit. Et dans le football en particulier, ils soutiennent qu’Israël a systématiquement enfreint le droit international bien avant le conflit actuel.

Depuis 2013, l’Association palestinienne de football (APF) demande à la FIFA d’exclure Israël de la compétition internationale, arguant que l’Association israélienne de football (AIF) a enfreint les statuts de l’organisation ; en particulier, que les matchs régulièrement joués par les équipes israéliennes dans les colonies de Cisjordanie, jugées illégales en vertu du droit international et donc en réalité relevant de la compétence de l’APF, sont également illégaux selon les propres règles de la FIFA.

L’APF affirme également que la FIFA est très claire sur le fait que ses associations membres doivent être libres de toute forme d’ingérence gouvernementale. Mais il y a eu une collusion active entre l’AIF et le gouvernement israélien. En réponse à une récente plainte de l’APF à la FIFA, le ministre des Affaires étrangères israélien a menacé d’emprisonner le chef de l’APF, Jibril Rajoub. De plus, un groupe WhatsApp appelé « Rester dans la FIFA » aurait réuni « des conseillers juridiques des ministères des affaires étrangères, de la culture et des sports et le président de l’AIF Shino Zoertz. » D’autres nations ont été suspendues de la FIFA pour bien moins que cela.

Il y a aussi les indignités et les obstacles quotidiens que Israël a mis sur le chemin du football palestinien : rendre les déplacements depuis Gaza et la Cisjordanie exceptionnellement difficiles pour les joueurs internationaux et endommager les infrastructures sportives. Selon l’APF, lors du récent conflit, Israël a détruit 42 installations sportives à Gaza et sept en Cisjordanie. Le stade Al Yarmouk, le plus ancien de Gaza, n’a survécu que parce que les Israéliens l’ont transformé en camp d’internement.

Lors de son récent congrès, la FIFA a décidé de reporter toute décision concernant le comportement de l’IFA jusqu’après les Jeux olympiques, espérant peut-être trouver suffisamment de marge de manœuvre juridique et politique pour éviter de punir Israël. Ils pourraient réussir. Cependant, depuis lors, la Cour internationale de Justice (CIJ), dans un jugement historique, a déterminé que le traitement des Palestiniens par Israël équivalait à une forme d’apartheid. L’Afrique du Sud a été exclue du sport international pendant trois décennies pour ces motifs.

Le CIO et la FIFA ont jusqu’à présent réussi à ignorer les manifestants et les arguments, mais ils auront du mal à ignorer la plus haute juridiction mondiale. S’ils le font, leurs engagements déclarés envers le droit international et la justice ne compteront pas beaucoup.


David Goldblatt is a writer, academic and author of The Games: A Global History of the Olympics.

Davidsgoldblatt

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